Des ralentissements de cadence chez d'importants clients comme Boeing forcent le fabricant de pièces d'aéronautique Héroux-Devtek à procéder à des réductions d'effectifs en plus de revoir à la baisse ses prévisions de ventes pour le prochain exercice, qu'il a qualifié de période de «transition».

En dévoilant ses résultats du troisième trimestre, mardi, l'entreprise établie à Longueuil - qui compte quelque 1400 employés au Canada et aux États-Unis - a annoncé qu'elle licencierait 90 personnes au cours de l'année dans «l'ensemble de ses bureaux et usines». Cela l'obligera à inscrire une charge de restructuration de 4,8 millions à ses résultats du prochain trimestre. Elle n'a pas voulu dévoiler la répartition géographique des réductions d'effectifs.

«Nous devons nous ajuster, a expliqué le président et chef de la direction de Héroux-Devtek, Gilles Labbé, au cours d'une conférence téléphonique. Ce sont des décisions difficiles à prendre. Les marchés des avions d'affaires et des hélicoptères civils ne sont pas très vigoureux non plus. Je crois que nous avons réagi rapidement pour réduire nos coûts.»

Héroux-Devtek subit les conséquences des décisions du géant américain Boeing, qui, à compter du mois d'août, compte produire cinq appareils 777 par mois. Depuis janvier, une première baisse a fait passer la production de 8,3 avions par mois à sept avions.

L'entreprise québécoise est l'unique fournisseur des trains d'atterrissage des appareils 777 et 777X, en plus d'être responsable de la fabrication de pièces de rechange vendues par Boeing.

«Ce sera une année de transition (...) puisque nous avons quand même décroché d'importants contrats», a souligné aux analystes M. Labbé, faisant référence à trois ententes obtenues au cours du troisième trimestre auprès d'Embraer, Saab et BAE Systems.

Déjà, en décembre, Héroux-Devtek avait indiqué que les réductions de cadence annoncées chez Boeing l'empêcheraient de réaliser des ventes annuelles oscillant aux alentours de 500 millions lors de son exercice 2019.

Pour l'exercice qui se terminera le 31 mars, Héroux-Devtek anticipe désormais des ventes stables par rapport à il y a un an, alors que sa prévision précédente faisait état d'une légère progression.

Pour son exercice 2018, la société prévoit un recul de son chiffre d'affaires inférieur à 10 pour cent, ce qui, pour Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, représente la principale «déception» des annonces effectuées par la société.

«C'est bien en deçà de notre prévision de croissance de 11,5 % et du consensus de neuf pour cent», souligne l'analyste dans une note envoyée par courriel.

Les investisseurs ont aussi mal réagi et ont fait reculer l'action de Héroux-Devtek de 66 cents, soit 4,6 pour cent, à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 13,69 $.

Au troisième trimestre terminé le 31 décembre, Héroux-Devtek a vu son bénéfice net progresser de 15,7 pour cent, à 8,2 millions, ou 23 cents par action. Cette progression s'explique par un gain hors trésorerie après impôts de 2,2 millions.

Abstraction faite des éléments non récurrents, la société a affiché un bénéfice ajusté de 6 millions, ou 17 cents par action, par rapport à 7 millions, ou 19 cents par action, à la même période l'année dernière.

De leur côté, les ventes ont été de 98,5 millions, en hausse d'environ deux pour cent, une augmentation essentiellement attribuable aux secteurs de la défense ainsi que de l'aérospatiale.

Cette performance trimestrielle a répondu aux attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur un chiffre d'affaires de 97,5 millions ainsi qu'un profit ajusté par action de 16 cents.