Rogers Communications a affiché jeudi une perte nette de 9 millions pour son quatrième trimestre, principalement en raison de sa décision d'abandonner le développement d'un système interne de télévision internet à la faveur d'une plateforme de Comcast, ce qui a entraîné une dépense de 484 millions.

Selon le géant des télécommunications, cette décision était la moins risquée, et elle devrait permettre de faire croître ses activités vidéo dans un contexte où le désabonnement au câble continue de nuire à l'industrie.

«C'est un produit qui a fait ses preuves», a expliqué le chef de la direction financière de Rogers, Tony Staffieri, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes. «Alors tout le concept présente un bien moins grand risque que le chemin sur lequel nous nous étions engagés.»

Les grandes entreprises de télécommunications éprouvent des difficultés à conserver certains abonnés à leur service de télévision, puisqu'ils préfèrent se tourner vers des options sur internet, comme Netflix.

Au cours du trimestre clos le 31 décembre, Rogers a perdu 13 000 abonnés à la télévision, pour un total annuel de 76 000. Elle en avait perdu 128 000 lors de l'exercice précédent.

La perte par action du quatrième trimestre de Rogers s'est établie à 4 cents, à partir de revenus de 3,51 milliards. En comparaison, la société avait engrangé un bénéfice de 299 millions, ou 58 cents par action, à partir d'un chiffre d'affaires de 3,45 milliards au dernier trimestre de 2015.

Sur une base ajustée, le bénéfice de Rogers s'est chiffré à 382 millions, ou 74 cents par action, pour le plus récent trimestre, comparativement à celui de 331 millions, ou 64 cents par action, de l'année précédente.

Les analystes s'attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 71 cents par action, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters. Les revenus ont cependant été inférieurs à la prévision moyenne de 3,56 milliards.

Téléphonie

La division de la téléphonie sans fil a vu ses revenus grimper de 4% à 2,058 milliards au plus récent trimestre, comparativement à un chiffre d'affaires de 1,981 milliard un an plus tôt. Rogers a inscrit un total net de 93 000 nouveaux abonnés aux services postpayés au cours du trimestre, en regard de 31 000 nouveaux abonnés un an plus tôt.

Ces nouveaux clients des services sans fil ont surpassé les prévisions des analystes, a écrit dans une note Drew McReynolds, un analyste pour RBC Dominion valeurs mobilières.

L'action de Rogers a grimpé jeudi de 3,46 $, soit près de 6,6%, pour clôturer à 56,04 dollars à la Bourse de Toronto.

Selon M. Staffieri, les nouvelles règles du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) sur les forfaits de télévision, en vigueur depuis le 1er décembre, ont eu un «très faible» impact.

Les fournisseurs de services de télévision canadiens doivent maintenant offrir un forfait télévisuel de base pour un maximum de 25 dollars par mois, ainsi que le choix d'ajouter des canaux à leur abonnement à la carte ou par l'entremise de forfaits ne comprenant pas plus de 10 canaux.

M. Staffieri a cependant dénoncé une décision récente du CRTC, qui, selon lui, a ralenti la croissance des revenus des activités de câblodistribution et de service internet de Rogers. Ceux-ci ont enregistré des progressions de deux et de neuf pour cent, respectivement.

En octobre, le CRTC a instauré des taux intérimaires à ce que Rogers et d'autres peuvent charger aux plus petites compagnies pour avoir accès à leurs réseaux à haute vitesse. Pour la plupart, ces taux sont inférieurs à ceux que les compagnies voulaient imposer.

En excluant l'impact de cette décision, les revenus de câblodistribution et d'internet auraient crû de cinq et de douze pour cent, respectivement.

Rogers a aussi annoncé que l'ancien chef de la direction de son concurrent Telus, Joe Natale, se joindrait à l'entreprise à titre de chef de la direction à compter de juillet.

L'ancien chef de la direction de Rogers, Guy Laurence, a quitté la société en octobre.