Le géant de la distribution américain Walmart a annoncé jeudi des ventes trimestrielles décevantes, principalement en raison d'effets de change défavorables, mais son offensive dans le commerce en ligne commence à porter ses fruits.

Si le chiffre d'affaires a progressé de 0,7 % sur un an à 118,18 milliards de dollars entre août et octobre, troisième trimestre de l'exercice décalé 2016/17, il est néanmoins inférieur aux 118,69 milliards anticipés par les marchés. En cause, la dépréciation des devises étrangères face au dollar, notamment la livre sterling en chute suite au Brexit. Walmart exploite un peu plus de 600 hypermarchés au Royaume-Uni, sous la marque Asda, dont les ventes ont continué de baisser (-3,8 % au troisième trimestre).

Au final, les effets de change ont amputé de 2,1 milliards de dollars les revenus engrangés à l'international, pour des ventes en recul de 4,8 % à 28,39 milliards de dollars. À devises constantes, elles ont augmenté de 2,4 %, affirme le groupe de Bentonville (Arkansas), qui exploite 11 593 magasins hyper et supermarchés dans 28 pays à travers le monde sous 63 marques.

Walmart, qui est en pleine transformation sous la pression de commerçants en ligne, pâtit aussi des milliards de dollars d'investissements déployés pour moderniser ses magasins américains.

L'enseigne a augmenté les salaires de ses employés et a multiplié les initiatives pour améliorer la qualité de son service. Elle a par exemple embauché des personnels supplémentaires pour la période des fêtes afin de réduire le temps d'attente aux caisses et aider les clients dans leurs achats.

En conséquence, le bénéfice net a plongé de 8,2 % à 3,03 milliards de dollars entre août et octobre.

À Wall Street, les investisseurs, qui espéraient que la vigueur de la consommation allait compenser les difficultés rencontrées sur certains marchés internationaux, étaient déçus. L'action Walmart perdait 2,80 % à 69,39 dollars dans les premiers échanges.

Bond de 20 % des ventes en ligne

Si les ventes à magasins comparables aux États-Unis, un des indicateurs de rentabilité, ont affiché leur huitième trimestre de hausse d'affilée, celle-ci n'est que de 1,2 % contre une augmentation de 1,3 % anticipée. La fréquentation s'est également tassée (+0,7 %), de mauvais augure avant les fêtes, même si les dirigeants du groupe ont assuré jeudi être «confiants».

Conforté par sa montée en puissance dans le commerce en ligne, Walmart a néanmoins relevé le bas de la fourchette de sa prévision de bénéfice par action ajusté annuel, qui sera désormais compris entre 4,20 et 4,35 dollars, contre 4,15 à 4,35 dollars auparavant. Les analystes tablent, eux, sur 4,34 dollars en moyenne.

«La croissance de notre activité de commerce en ligne s'est accélérée», s'est réjoui le directeur financier Brett Biggs, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. Les ventes générées par les achats effectués sur la plate-forme Walmart.com se sont envolées de 20,6 % au troisième trimestre, contre 11,8 % trois mois plus tôt.

Cette accélération suggère que l'offensive de Walmart pour rattraper Amazon.com fonctionne.

Le groupe a doublé récemment sa participation (10,8 % du capital) dans le site de vente en chinois JD.com et a dépensé 3 milliards de dollars pour acquérir le distributeur en ligne américain Jet.com.

Walmart serait en outre en négociations pour investir plus d'un milliard de dollars dans le spécialiste du commerce en ligne indien Flipkart, ce qui marquerait son retour en Inde, marché qui devrait être un bon relais de croissance, selon M. Biggs.

Malgré la pression des marchés, le groupe américain était resté jusqu'à présent prudent sur le calendrier de retour sur investissements dans le commerce en ligne, évoquant en octobre de premiers bénéfices seulement en 2018 et une stagnation des résultats l'an prochain.

La riposte à Amazon va, à l'inverse, entraîner le ralentissement des ouvertures de nouveaux supermarchés.

Walmart ne prévoit d'ouvrir qu'entre 249 et 279 magasins, dont 35 hypermarchés l'année prochaine, nettement moins que les 331 à 351 nouveaux supermarchés prévus cette année ou les 471 recensés en 2015.