La réduction de cadence envisagée par Boeing pour son avion de ligne 777 ne semble pas inquiéter Héroux-Devtek, qui fabrique le train d'atterrissage de cet appareil.

À la fin du mois dernier, le géant américain a prévenu qu'il pourrait faire passer de 84 à 42 le nombre d'avions assemblés annuellement dès la fin de 2017 s'il ne décrochait pas de nouvelles commandes prochainement.

«Nous allons devoir nous plier aux demandes de notre client», a répondu le grand patron d'Héroux-Devtek, Gilles Labbée, lorsque questionné à ce sujet, vendredi, au cours d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du deuxième trimestre. Il n'a toutefois pas voulu s'avancer sur l'impact pour son entreprise d'une éventuelle réduction de cadence chez Boeing.

«Lorsqu'un client change d'idée, bien entendu, cela peut avoir un impact négatif ou positif, a-t-il ajouté. Nous devons attendre la décision de Boeing.»

Dans le cadre de cet important contrat, Héroux-Devtek est l'unique fournisseur des trains d'atterrissage des appareils 777 et 777X en plus d'être responsable de la fabrication de pièces de rechange vendues par Boeing.

La société établie à Longueuil a procédé à des investissements de plusieurs dizaines de millions de dollars pour répondre aux attentes de Boeing, notamment avec une nouvelle usine située à Everett, dans l'État de Washington, à quelques kilomètres seulement des installations de la multinationale américaine.

Au deuxième trimestre, Héroux-Devtek a par ailleurs livré son premier train d'atterrissage à Boeing pour le 777.

Pour la période de trois mois terminée le 30 septembre, l'entreprise a en partie répondu aux attentes des analystes en affichant un bénéfice net en hausse mais un chiffre d'affaires en déclin.

Héroux-Devtek a engrangé des profits de 9,5 millions $, ou 26 cents par action, en hausse de 58 % par rapport à il y a un an. Toutefois, abstraction faite d'un gain de 3,8 millions $ après impôts lié au règlement favorable d'un litige, son profit ajusté a été de 5,6 millions $, ou 16 cents par action, par rapport à 6 millions $, ou 17 cents, par action l'an dernier.

De leur côté, les ventes ont glissé de trois %, à 91,6 millions $.

Toujours en attente du feu vert pour procéder à la finition de pièces destinées au train d'atterrissage du Boeing 777, Héroux-Devtek a dû débourser plus de 1,7 million $ au cours du trimestre pour confier cette tâche à des sous-traitants. La société s'attend à ce que ce dossier soit réglé d'ici la fin de son exercice.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur un profit ajusté par action de 16 cents et sur des recettes de 95 millions $.

Par ailleurs, en raison du recul de la livre sterling, Héroux-Devtek, présente au Royaume-Uni, a prévenu que ses ventes pour l'exercice seraient inférieures à 420 millions $.

«Néanmoins, à moyen terme, nous maintenons notre objectif de réaliser des ventes annuelles d'environ 500 millions $ lors de l'exercice 2019», a affirmé M. Labbé.

Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, et Ben Cherniavsky, de Raymond James, ne se sont pas formalisés de voir Héroux-Devtek abaisser ses prévisions de revenus pour l'exercice. Dans des notes distinctes, les deux analystes ont estimé que la société est bien positionnée, notamment grâce à son contrat avec Boeing, pour atteindre ses objectifs en 2019.

Héroux-Devtek a également annoncé un élargissement de son entente avec Embraer pour la fourniture de pièces et l'assemblage de trains d'atterrissage pour son avion militaire KC-390. Aucun montant n'a été fourni.

L'entreprise avait hérité du contrat initial dans le cadre de son acquisition de la firme britannique APPH en 2014.

M. Labbé estime que ce contrat pourrait représenter entre deux et trois % des ventes d'Héroux-Devtek une fois qu'Embraer assemblera 12 appareils KC-390 par année.

À la Bourse de Toronto, l'action de la société a grimpé vendredi de 20 cents pour clôturer à 14,49 $.