Le réseau social Twitter, objet de nombreuses rumeurs de reprise et malmené par les investisseurs, engage de grandes manoeuvres pour tenter de dégager enfin des bénéfices en 2017 en supprimant notamment 9% de ses effectifs.

La restructuration «va se concentrer sur la réorganisation des équipes de vente, partenariats et marketing», a précisé le groupe jeudi dans un communiqué. Pour Twitter, qui employait au total 3860 personnes fin juin, cela revient à environ 350 postes touchés.

Le réseau social a annoncé séparément la fermeture «dans les prochains mois» de l'application de partage de courtes vidéos Vine, rachetée fin 2012.

Twitter n'a jamais dégagé de bénéfice net depuis sa création il y a dix ans et le retour aux commandes de son cofondateur Jack Dorsey, l'an dernier, n'a pas encore suffi à relancer pleinement la croissance.

«Nous devenons plus stricts sur la façon dont nous investissons dans nos activités et nous nous fixons comme objectif d'aller vers la rentabilité en 2017», a assuré le directeur financier Anthony Noto jeudi.

Twitter va aussi «accorder une moindre priorité à certaines initiatives» et «simplifier la façon dont nous opérons dans d'autres secteurs», a-t-il ajouté.

Le groupe, qui avait déjà supprimé 8% de ses effectifs en 2015, estime que les nouveaux licenciements lui coûteront 10 à 20 millions de dollars.

À la recherche d'utilisateurs 

Pâtissant de la montée en puissance d'autres réseaux sociaux comme Instagram ou Snapchat, Twitter a encore peiné à engranger de nouveaux utilisateurs au troisième trimestre: fin septembre, ils étaient 317 millions contre 313 millions au trimestre précédent.

Selon le cabinet eMarketer, si 51% des Américains utilisent Facebook, ils sont seulement 16% à consulter ou utiliser la messagerie devenue célèbre pour ses messages en 140 signes. Au niveau mondial, seulement 3,9% de la population est inscrite sur Twitter.

Son chiffre d'affaires a malgré tout progressé de 8% au troisième trimestre, à 616 millions de dollars, dépassant les prévisions des analystes (606 millions).

Le groupe a aussi un peu réduit sa perte nette à 103 millions de dollars contre 132 millions l'an dernier à la même période.

Son bénéfice par action ajusté et hors élément exceptionnel - la référence à Wall Street - dépasse quant à lui les attentes du marché en ressortant à 13 cents, là où les analystes attendaient 9 cents.

À la Bourse de New York, l'action Twitter gagnait 2,08% à 17,65 dollars jeudi.

Algorithmes modifiés

Après un démarrage en trombe en 2013 à Wall Street, l'action est tombée plus tôt cette année à ses plus bas niveaux historiques. Même après cette dégringolade, le groupe reste valorisé aux alentours de 12 milliards de dollars.

Encore à la recherche d'un modèle économique lui permettant de gagner de l'argent, Twitter fait régulièrement l'objet de spéculations sur un potentiel rachat. Les rumeurs ont repris de plus belle ces derniers mois mais plusieurs prétendants, comme Google, Disney ou Salesforce.com, ont jeté l'éponge.

Tentant de couper court à toute supputation, Jack Dorsey a débuté jeudi une conférence téléphonique en évoquant les «spéculations de marché». La société cherche avant tout à «maximiser la valorisation pour les actionnaires», a-t-il assuré en indiquant qu'il ne ferait aucun autre commentaire sur le sujet.

Sous sa férule, le groupe a développé de nouvelles offres pour les publicitaires, mais aussi pour les utilisateurs, comme la diffusion en direct de matchs du très populaire championnat de football américain ou des débats présidentiels.

«Cette stratégie fonctionne», a assuré Jack Dorsey en affirmant que Twitter avait atteint un «point d'inflexion» au cours du deuxième trimestre.

Le groupe, a-t-il par ailleurs noté, a profité des changements apportés aux algorithmes décidant des notifications envoyées aux abonnés du réseau et de la façon dont les tweets leurs sont présentés.

Pour Roger Kay, analyste au cabinet Endpoint Technologies Associates, Twitter «se rapproche (de la rentabilité) et s'ils coupent dans leurs dépenses et maintiennent leur chiffre d'affaires, ils devraient y parvenir d'ici un an».

«Mais je ne suis pas sûr que cela soit suffisant pour répondre aux attentes correspondant au prix de l'action, qui reflète l'espoir d'une croissance beaucoup plus rapide», a-t-il ajouté.