Transat A.T. a connu une première moitié d'été difficile en raison d'une «hausse brutale» du nombre de sièges offerts à destination de l'Europe, ce qui a plombé ses profits en plus de faire piquer du nez son action.

Le voyagiste québécois a largement raté la cible en dévoilant jeudi des profits nets de 9,4 millions, ou 26 cents par action, au troisième trimestre, soit une baisse de 28,2 % par rapport à la même période l'an dernier. Les ventes ont fléchi de 6 %, à 663,6 millions.

À la Bourse de Toronto, cette performance a fait vaciller l'action de Transat A.T., qui a clôturé en baisse de 57 cents, soit 8,1 %, à 6,50 $.

Si l'incertitude entourant le vote référendaire du Brexit au Royaume-Uni ainsi que la menace terroriste n'ont pas aidé, c'est l'ajout d'une capacité d'environ 14 % à destination du Vieux Continent qui a plombé les résultats, a estimé le président et chef de la direction de l'entreprise, Jean-Marc Eustache.

«On ne peut pas bonifier l'offre de la sorte et se dire que rien ne va changer», a-t-il expliqué au cours d'une conférence téléphonique avec les analystes, ajoutant que la situation avait entre autres incité les transporteurs à réduire leurs prix afin de remplir leurs avions.

L'entreprise qui exploite le transporteur aérien Air Transat fait notamment face à une concurrence beaucoup plus féroce de la part d'Air Canada et WestJet, qui ont bonifié de façon significative leur capacité à destination du Royaume-Uni pour desservir l'aéroport londonien de Gatwick.

Au cours du trimestre terminé le 31 juillet, Transat A.T. a bonifié de cinq pour cent sa capacité sur le marché transatlantique. En prévision de la saison estivale 2017, le voyagiste a prévenu qu'il n'allait pas imiter ses concurrents.

«Si vous regardez aux États-Unis, les compagnies aériennes font de l'argent parce qu'elles sont sensibles à la capacité, a dit M. Eustache. Je ne sais pas ce qui s'est passé au Canada, peut-être que quelqu'un a bu trop de vin.»

Dans les circonstances, celui-ci s'est dit «satisfait» de la performance de la société, mais a prévenu les analystes que les résultats de cette saison estivale ne seront pas comparables avec ceux des années précédentes.

En excluant les éléments non récurrents, Transat A.T. a engrangé un profit ajusté de 2,5 millions, ou sept cents par action, comparativement à 26,9 millions, ou 70 cents par action, lors du troisième trimestre de l'exercice 2015.

Les prévisions recueillies par Thomson Reuters auprès des analystes tablaient sur un bénéfice ajusté par action de 48 cents sur un chiffre d'affaires de 739,7 millions.

«En raison de la baisse significative de la profitabilité au troisième trimestre, les craintes entourant la performance de Transat A.T. ainsi qu'à l'égard de son modèle d'affaires sont dans une certaine mesure justifiées», a estimé Mona Nazir, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, dans une note.

L'analyste s'est également inquiétée de constater que les efforts du voyagiste afin de réduire ses dépenses de 100 millions à la fin de l'exercice 2017 tardaient à porter fruits.

Par ailleurs, M. Eustache a indiqué qu'il était encore trop tôt pour dire si les craintes entourant le virus Zika auraient une incidence négative sur les ventes des forfaits des destinations soleil - le principal marché de l'entreprise pendant l'hiver.

«Oui les gens sont préoccupés, oui ils nous appellent, mais je ne crois pas que l'on puisse dire qu'il s'agit d'un élément important», a-t-il expliqué.

Transat A.T., qui a accepté l'offre de 80 millions du géant TUI Group pour ses filiales Transat France et Tourgreece, attend toujours que la transaction obtienne l'aval des autorités réglementaires européennes d'ici la fin de l'année.

Cette vente s'inscrit dans le repositionnement du voyagiste, qui souhaite notamment bonifier son offre d'hôtels du côté des destinations soleil en plus de percer le marché américain en acquérant un distributeur de forfaits.