Même si son action a engrangé mardi son meilleur gain pour un seul jour, Valeant Pharmaceuticals pourrait éventuellement changer son nom si la réputation associée à sa marque actuelle nuisait à son plan de redressement, a indiqué mardi le nouveau grand patron de l'entreprise.

«Ce n'est pas une priorité cruciale, mais c'est certainement quelque chose que je vais continuer à envisager si je crois que cela nous nuit», a affirmé Joe Papa lors d'un entretien après la publication des résultats financiers du deuxième trimestre de la société pharmaceutique.

M. Papa affirme qu'il continue à évaluer les réactions au nom de Valeant même si le «bruit» entourant la marque a diminué dans les derniers trois à six mois.

Aux yeux du président et chef de la direction, l'entreprise de Laval fait des progrès. Elle a modifié son entente à long terme avec la chaîne de pharmacies américaine Walgreens, amélioré ses activités dermatologiques et gastro-intestinales, et remboursé une partie de sa dette.

Valeant veut réorganiser ses activités en trois segments, étudie les occasions en vue de vendre pour jusqu'à 8 milliards US d'actifs qu'elle juge non essentiels et espère obtenir des changements aux termes des ententes avec ses créanciers.

L'action de Valent a fortement rebondi mardi, après que la pharmaceutique eut confirmé que ses prévisions pour l'exercice - qu'elle avait déjà abaissées - resteraient les mêmes. Certains investisseurs craignaient qu'elles soient réduites de nouveau, a souligné l'analyste Gary Nachman, de BMO Marchés des capitaux.

Le titre a pris 25 % pour clôturer à 36,88 $ à la Bourse de Toronto, même si l'entreprise a affiché une perte nette du deuxième trimestre de 302 millions US, six fois plus importante qu'un an plus tôt.

Mais le cours de l'action de Valeant reste largement inférieur à son sommet de 52 semaines, de 333,44 $, atteint il y a environ un an. L'entreprise détenait alors une des plus grandes valeurs boursières au pays.

Selon M. Papa, les flux de trésorerie disponibles et les ventes d'actifs réduiront de plus de 5 milliards US la dette de Valeant, actuellement d'environ 30 milliards US, au cours des 18 prochains mois. Il s'attend à rembourser au moins 1,7 milliard US dès cette année, en incluant les quelque 880 millions $ US versés au plus récent trimestre.

Valeant a annoncé mardi son intention de vendre trois actifs - les droits européens sur le brodalumab, les activités de Synergetics USA et Ruconest - pour 181 millions US, en plus de potentiels paiements futurs de 329 millions US.

M. Papa dit qu'il aimerait réduire d'environ 10 milliards US la dette de Valeant.

«Dans un monde idéal, j'aimerais que nous obtenions une note de catégorie investissement, mais cela ne va pas se produire à court terme», a-t-il ajouté.

Pour l'instant, la société prévoit dépenser davantage pour le développement de médicaments en réduisant ses coûts administratifs.

«Valeant et les détenteurs de titres ont traversé plusieurs épreuves dans la dernière année et j'ai bon espoir que notre avenir sera brillant, grâce à notre stratégie précise, nos investissements intelligents et notre solide exécution», a affirmé M. Papa lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

Au plus récent trimestre, les flux de trésorerie des activités de la pharmaceutique ont augmenté de neuf pour cent à 448 millions $ US.

Cependant, Valeant a affiché un bénéfice ajusté de 488 millions US, soit 1,40 $ US par action, en baisse par rapport à celui de 751 millions $ US, ou 2,14 $ US par action, du deuxième trimestre de 2015.

La perte nette par action s'est élevée à 88 cents US, comparativement à celle de 15 cents US par action de l'an dernier.

Les revenus ont reculé de 11 pour cent à 2,42 milliards US, par rapport à 2,73 milliards un an plus tôt, essentiellement en raison d'une réduction des ventes des activités existantes et d'un impact négatif des variations des taux de change.

Les analystes s'attendaient à une baisse de 10 pour cent des revenus, à 2,46 milliards US, et à un bénéfice ajusté de 512,44 millions US, soit 1,48 $ US par action.

Même si elle n'a pas comblé les attentes, l'entreprise montre des signes de redressement, a observé l'analyste Neil Maruoka, de Canaccord Genuity.

«Malgré tout, nous croyons que le chef de la direction, Joseph Papa, doit continuer à renforcer la crédibilité pendant les premières étapes de son mandat, et la confiance des investisseurs ne pourra s'améliorer que grâce à une bonne exécution et à l'atteinte des cibles», a-t-il écrit dans un rapport.