Le conglomérat médiatique en difficulté Postmedia a annoncé jeudi une proposition qui réduira sa dette de 648 millions $ de près de moitié, en échange de quoi il offrira à ses créanciers des actions dans la société.

Postmedia s'attend à ce que l'entente, si elle est approuvée, réduise sa dette d'environ 307 millions $ et lui permette d'économiser environ 50 millions $ en dépenses d'intérêt. L'entreprise espère aussi pouvoir engranger entre 40 et 50 millions $ avec la vente d'actifs immobiliers.

«Ce que nous recherchions, au début de tout ce processus, était la stabilité et la certitude», a expliqué le président et chef de la direction de Postmedia, Paul Godfrey, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes et des journalistes. «Je crois que c'est ce que nous avons atteint.»

En vertu de la proposition, les créanciers de deuxième rang échangeront les montants qui leur sont dus - soit environ 345 millions $ - contre une participation de 98 % en actions de Postmedia. Les actionnaires actuels ne conserveront qu'une participation de 2 %.

La société émettrait en outre de nouveaux billets de deuxième rang valant environ 110 millions $. Ces billets de deuxième rang se classent après les billets de premier rang pour les biens offerts en garantie, comme les actifs et les propriétés de Postmedia, si la société devait faire faillite.

L'éditeur du quotidien National Post et d'autres journaux remboursera aussi 78 millions $ de sa dette de premier rang afin d'obtenir une prolongation de quatre ans qui lui permettra d'attendre jusqu'en juillet 2021 pour rembourser le reste de cette dette, soit 225 millions $.

Sans cette proposition, Postmedia aurait été forcée de rembourser 303 millions $ dès le mois d'août 2017.

«En n'ayant pas d'échéance avant juillet 2021, la structure de capital de Postmedia sera plus stable et nous serons davantage en mesure de nous concentrer sur nos activités», a expliqué M. Godfrey.

La proposition est assujettie à l'approbation des actionnaires et des créanciers, mais Postmedia affirme avoir d'ores et déjà l'appui d'environ 80 % de ses créanciers de premier et deuxième rangs et d'environ 75 % de ses actionnaires.

Elle pourrait aussi devoir être approuvée par la Cour supérieure de justice de l'Ontario et par la Bourse de Toronto.

L'entreprise s'attend à ce que l'entente, qui fait suite à un examen stratégique, soit conclue d'ici septembre.

La proposition de restructuration a été dévoilée en marge des plus récents résultats trimestriels de l'entreprise. Postmedia a affiché une perte de 23,7 millions $, soit 8 cents par action, pour le troisième trimestre de son exercice 2016, ce qui se compare à une perte de 140,8 millions $, ou 84 cents par action, pour la même période l'an dernier.

Ses revenus pour le trimestre clos le 31 mai ont atteint 218,3 millions $, en hausse par rapport à ceux de 205,1 millions $ réalisés à la même période l'année précédente. Ils ont notamment été stimulés par l'acquisition des journaux de langue anglaise et des propriétés numériques de Sun Media, au printemps dernier.

En excluant la transaction avec Sun, les revenus ont diminué de 12,9 %.

Plusieurs groupes de médias éprouvent des difficultés avec la diminution des revenus publicitaires.

Postmedia a misé sur diverses initiatives pour tenter de gonfler ses revenus. Elle a notamment conclu des accords avec deux sociétés de technologies financières, Agility Forex et Mogo Finance Technology, pour obtenir des revenus en échange d'espace publicitaire.

L'entreprise a aussi mis en place d'importantes mesures de réduction des coûts. En avril, elle a dit croire être en mesure de diminuer ses dépenses de 80 millions $ d'ici le milieu de l'an prochain. Plus tôt cette année, Postmedia a supprimé environ 90 emplois et fusionné les salles de rédaction de journaux dans quatre villes.

M. Godfrey a précisé que toute économie émanant de sa restructuration financière serait vraisemblablement réinvestie dans les services numériques de l'entreprise.