Convoité par son rival allemand Bayer, le spécialiste américain des OGM Monsanto a annoncé mercredi être en discussion avec de potentiels chevaliers blancs dont il a n'a pas révélé l'identité.

«J'ai été personnellement en discussions ces dernières semaines avec le management de Bayer mais aussi avec d'autres au sujet d'options stratégiques alternatives», a déclaré Hugh Grant, le PDG du groupe américain, en marge de la présentation des résultats trimestriels.

Bayer est prêt à mettre 62 milliards de dollars sur la table pour créer un géant mondial des semences transgéniques et des pesticides avec respectivement près de 30% et 24% de parts de marché.

M. Grant s'est cependant gardé de donner des noms, préférant insister sur les avantages d'une fusion, rappelant ainsi que Monsanto avait été le premier à lancer en 2015 les grandes manoeuvres en courtisant sans succès le Suisse Syngenta.

«Nous reconnaissons la valeur potentielle que ce type de mariages peut créer et qu'ils accélèrent l'innovation et donnent plus de choix aux agriculteurs sur un grand nombre de cultures, dans de nombreuses régions et sur des pratiques agricoles», a argumenté le dirigeant.

«C'est pourquoi nous restons ouverts et continuerons à prendre part à un dialogue constructif (avec Bayer) pour atteindre des options stratégiques garantissant de la valeur», a-t-il conclu.

M. Grant n'a pas donné de détails sur les discussions avec les «alternatives» au mariage Monsanto-Bayer mais cette information ravissait Wall Street, qui a relégué à l'arrière-plan une chute de 37% à 717 millions de dollars du bénéfice net au troisième trimestre et de 8,5% à 4,2 milliards du chiffre d'affaires.

Le titre prenait 1,87% à 102,98 dollars vers 10H40, les investisseurs espérant une contre-offre de l'autre géant allemand BASF, numéro un mondial de l'agrochimie.

Horizon éclairci ?

BASF ne peut pas se permettre, se persuadent les analystes, d'être simple observateur du mouvement de consolidation en cours. La société chinoise ChemChina a mis la main récemment sur le Suisse Syngenta, tandis que les Américains Dow Chemical et DuPont sont en train de peaufiner leur fusion. Cette course à la taille est due à la chute des prix des produits agricoles et à la forte dépréciation des monnaies de pays émergents.

Hugh Grant n'a pas par ailleurs dit si Monsanto allait finalement donner accès à ses livres de comptes et à des informations détaillées sur ses activités à Bayer, qui le réclame depuis des jours.

Les discussions entre les deux groupes sont en effet dans l'impasse: d'un côté Monsanto demande à Bayer de relever son prix initial, le groupe allemand de son côté ne veut pas proposer une meilleure dot sans avoir bien évalué l'activité de sa cible.

«Nos équipes discutent ensemble et vont déterminer quelles sont les potentielles prochaines étapes», a tenté de rassurer M. Grant tout en avertissant qu'il ne pouvait garantir d'issue positive.

Bayer fait en outre face à un nouvel obstacle: le renchérissement du dollar face à l'euro, suite au vote  britannique en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

La hausse du billet vert suggère que le groupe allemand va devoir s'endetter un peu plus qu'il ne le prévoyait s'il veut acquérir Monsanto, avec le risque de voir sa note de solidité financière abaissée par les agences de notation.

Moody's craint par exemple que l'opération - 25% des 62 milliards de dollars se feront par le biais d'une émission de nouvelles actions - fasse exploser la dette de l'entreprise en la portant à plus de quatre fois le montant de ses bénéfices annuels.

Sur le plan opérationnel, après plusieurs trimestres difficiles, l'horizon semble s'éclaircir pour Monsanto dont les perspectives de croissance étaient obscurcies par la baisse des revenus des agriculteurs et l'offensive des régulateurs à travers le monde.

Mercredi, la Commission européenne a annoncé prolonger pour 18 mois l'autorisation dans l'UE du glyphosate, herbicide controversé, malgré la résistance de certains États membres dont la France.

Ce produit dont l'approbation devait expirer ce jeudi est l'une des locomotives de ventes de Monsanto avec les semences transgéniques de maïs. Son interdiction dans l'UE aurait représenté un important manque à gagner.