La banque américaine Citigroup a annoncé vendredi des résultats meilleurs que prévu au premier trimestre, en dépit du déclin du courtage et d'une hausse de ses réserves dues à l'anticipation d'une multiplication des impayés dans l'énergie.

Le bénéfice net a certes dévissé de 26,6 % à 3,50 milliards de dollars mais les investisseurs redoutaient un plongeon plus important en raison de la grande exposition de l'établissement aux pays émergents dont les locomotives - Chine et Brésil - sont en panne.

À Wall Street, le titre montait de 1,33 % à 45,58 dollars vers 10 h 35.

Les économies ont permis au chiffre d'affaires (17,55 milliards de dollars, -11,4 % sur un an) de reculer moins que prévu (17,46 milliards).

Les dépenses ont diminué de 3,3 %, a souligné Citigroup qui a réduit de plus de 26 % ses actifs depuis la crise financière de sorte qu'elle n'est plus que la quatrième banque américaine par actifs.

Le groupe s'est désengagé de la banque de détail dans une douzaine de pays, a fermé des agences et supprimé des milliers d'emplois afin de limiter son exposition aux risques et de renforcer ses fonds propres.

Cette stratégie lui a valu mercredi un satisfécit de la banque centrale (Fed) et de la FDIC, un régulateur du secteur bancaire, qui ont tous deux approuvé son plan de simulation de faillite alors que ceux des sept autres grandes banques américaines, dont le « bon élève » Wells Fargo, étaient rejetés.

Banque « plus sûre »

« C'est la reconnaissance des efforts que nous avons entrepris pour rendre Citigroup plus simple, moins grosse et sûre », s'est réjoui John Gerspach, le directeur financier, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Citigroup a en outre confirmé la confiance des consommateurs américains en la solidité de leur économie, en faisant état d'une hausse inédite des crédits et des dépôts, à l'image de ses rivales JPMorgan Chase, Bank of America et Wells Fargo en début de semaine.

« Nous continuons à octroyer des crédits, à recevoir des dépôts, à réduire nos dépenses », résume le directeur général Michael Corbat.

La marge d'intérêt nette - différentiel net entre taux d'emprunt et le taux de placement de l'argent - est montée à 2,92 % après que Citigroup eut répercuté la première hausse depuis 2006 du taux directeur de la Fed intervenue en décembre.

Comme les autres fleurons de Wall Street, Citigroup ne parvient pas à trouver une solution pour freiner le recul des recettes des activités de marché, affectées par le ralentissement de l'économie chinoise qui jette des doutes sur la conjoncture mondiale.

Les revenus générés par le courtage ont reculé de 15 % à 4,1 milliards de dollars au premier trimestre, plombés par la négociation des obligations, des matières premières et des devises (Fixed Income, - 11 %).

Michael Corbat a attribué cette baisse au « peu de confiance des investisseurs » et sans doute des entreprises puisque les commissions des banquiers d'affaires ont chuté de 27 % du fait d'une décélération des fusions-acquisitions des entreprises dont l'explosion en 2015 avait permis de compenser la passe difficile de la spéculation.

La dégringolade de plus de 50 % des prix du pétrole demeure un casse-tête car elle risque d'entraîner une cascade de défauts des entreprises pétrolières et gazières à qui les banques ont prêté beaucoup d'argent pour financer le boom des hydrocarbures de schiste.

Citigroup, dont l'exposition totale (lignes de crédit, garanties et lettres de créance) s'élève à 57,2 milliards de dollars, a dû augmenter ses réserves de 233 millions de dollars.

Les provisions liées aux impayés des entreprises débitrices se sont élevées à 455 millions de dollars dont 375 millions à l'énergie.

« Si les cours du pétrole restent aux alentours de 32 à 35 dollars la provision totale pour (Citi) sera de 1,4 milliard de dollars en 2016 », estime John Gerspach. Environ 400 millions ont été inscrits dans les comptes du premier trimestre. Le milliard restant serait, selon le dirigeant, étalé sur les trois autres trimestres.