L'équipementier sportif Nike a douché mardi les espoirs de Wall Street en annonçant des résultats mitigés, signal peu encourageant dans une année au calendrier sportif international chargé.

La marque à la Virgule, qui a habitué les marchés financiers depuis plus d'un an à de solides performances, a échoué à dépasser les attentes, notamment en termes de ventes.

Le chiffre d'affaires a certes augmenté de 8% à 8,03 milliards de dollars au cours de cette période allant de décembre à fin février. Mais il est en dessous des 8,20 milliards anticipés en moyenne par les analystes, qui avaient fondé leurs prévisions sur une montée en puissance de Nike à l'approche d'un été très important pour le groupe et ses rivaux Adidas, Puma, Under Amour entre autres.

En effet, cet été se tiennent les Jeux olympiques de Rio au Brésil et le Championnat d'Europe des Nations de football en France (Euro-2016).

Ces deux événements sont normalement de nature à doper la demande pour les articles de sports dont Nike et sa griffe Converse font partie des marques les plus populaires.

Le groupe américain est par ailleurs le commanditaire de nombreuses vedettes et équipes sportives devant prendre part à ces deux compétitions qui mobilisent les amateurs à travers la planète.

C'est à cette aune que se lit la déception des investisseurs, qui le faisaient payer au titre à Wall Street: l'action Nike reculait de 5,39% à 61,40 dollars vers 18h30 dans les échanges électroniques de post-séance.

Depuis janvier, le titre Nike a gagné plus de 6% en Bourse, alors que l'indice S&P 500 qui réunit les 500 plus grosses entreprises cotées aux États-Unis est stable. En 2015, l'action Nike avait bondi de plus de 30%, les investisseurs saluant une stratégie payante dans le football européen et un renforcement de sa domination sur les sports nord-américains.

Effet Sharapova ?

Si le patron Mark Parker s'est efforcé mardi, pendant la conférence téléphonique de présentation de ces résultats, de rassurer sur la vigueur de la demande en Chine, pays où les baskets frappés des noms des vedettes de la NBA, le championnat de basket-ball nord-américain, sont très prisés.

Les analystes préféraient s'attarder sur les difficultés rencontrées dans les pays émergents, zones où les revenus trimestriels de Nike ont diminué de 8% à 879 millions de dollars.

«Le marché brésilien est très difficile actuellement», a reconnu M. Parker attribuant néanmoins le gros du recul au dollar fort qui rogne les ventes réalisées à l'étranger une fois converties en billets verts.

Les investisseurs étaient en outre partagés sur les chiffres des commandes futures.

A la fin du trimestre, Nike affichait des commandes de chaussures et de vêtements pour livraison d'ici fin juillet 12% supérieures à celles de l'année dernière à la même époque. La hausse est même de 17% à taux de changes constants, a tenu à préciser le groupe de l'Oregon (ouest), contre 16,1% attendue par les analystes.

Pour le quatrième trimestre entamé début mars et l'ensemble de l'exercice 2015/16, Nike a confirmé sa prévision d'environ 5% du chiffre d'affaires avec des marges à chaque fois quasi stables.

Le groupe n'a pas dit si les différents scandales affectant certains de ses ambassadeurs vedettes vont se ressentir sur les ventes d'articles. Il n'a même pas évoqué ces affaires.

Nike a suspendu récemment ses relations avec la vedette du tennis féminin Maria Sharapova, qui a révélé avoir fait l'objet d'un contrôle antidopage positif.

Le groupe est allé plus loin en ce qui concerne le boxeur philippin Manny Pacquiao, avec qui il a coupé simplement les liens après que celui-ci eut tenu des propos homophobes.

Lors du trimestre passé, Nike a poursuivi sur sa lancée des derniers mois en terme de rentabilité, avec un bond de 20% du bénéfice net à 950 millions de dollars. Le groupe a notamment bénéficié d'un taux d'imposition passé de 24,4% il y a un an à 16,3%.