Le conglomérat industriel japonais Toshiba, qui n'en a pas fini avec ses péripéties financières, veut donner des gages aux actionnaires en affichant ses priorités et promettant des bénéfices dès l'année prochaine.

Le groupe a présenté vendredi son plan triennal d'objectifs, insistant sur la poursuite de l'assainissement de sa situation, via notamment une réduction des effectifs.

Le personnel de Toshiba doit passer de 217 000 salariés fin mars 2015 à 202 000 fin mars 2016 et 183 000 un an plus tard. La vente à Canon de Toshiba Medical Systems, filiale d'équipements médicaux, fait à elle seule disparaître des effectifs 10 000 personnes. Elle pourrait entraîner un gain exceptionnel de 590 milliards de yens sur son bénéfice avant impôts, selon Toshiba qui ne précise pas sur quelle période.

En termes de stratégie, le groupe a confirmé vouloir mettre l'accent sur deux piliers, l'ensemble énergie/infrastructures et les mémoires/composants.

Dans le premier cas, il s'agit des réacteurs nucléaires, équipements de centrales thermiques et hydrauliques, piles à combustible, compteurs intelligents ou encore les moyens de transmission/distribution.

« Nous tablons à l'étranger sur des commandes portant sur un total de 45 réacteurs d'ici à 2030 », a précisé Toshiba.

Ses priorités en termes d'infrastructures vont aussi vers les trains et systèmes ferroviaires, les ascenseurs, climatiseurs, l'éclairage, les batteries d'automobiles ou encore les dispositifs électroniques de sécurité.

L'autre grand pilier, les moyens de stockage de données, concerne d'abord les mémoires flash (celles des téléphones intelligents, tablettes, appareils photo, etc.), les disques durs SSD et d'autres composants électroniques jugés prometteurs comme les capteurs.

Il envisage d'investir au total 860 milliards de yens (près de 7 milliards d'euros) dans la production des mémoires flash en trois ans. Il n'est toutefois pas seul pour ce faire puisqu'il a depuis des années un partenariat dans ce secteur pointu et onéreux avec l'américain SanDisk.

« Les mémoires Flash sont une locomotive dans le domaine du stockage de données, avec des applications tant dans les téléphones intelligents, que les tablettes et autres appareils numériques personnels ainsi que dans l'informatique d'entreprise », a expliqué Toshiba jeudi dans un communiqué.

Investigations aux États-Unis

Toshiba est très pressé d'en finir et voudrait présenter, pour l'exercice en cours (avril 2015 à mars 2016), des comptes moins calamiteux que la perte annuelle de 710 milliards de yens (5,6 milliards d'euros) jusqu'à présent redoutée.

Le tri des activités sert à cela et n'est pas fini. Pour l'électroménager, Toshiba a choisi de s'allier au chinois Midea, un spécialiste des produits blancs, à commencer par les climatisations et lave-linge.

Reste à annoncer une décision pour les PC (d'ici à mars 2017) et éventuellement d'autres activités de semi-conducteurs, toujours en suspens.

Le chiffre d'affaires du groupe pourrait ainsi revenir autour de seulement 5000 milliards de yens, contre un pic à quelque 7600 milliards de yens en 2007-2008, juste avant l'apogée de la crise financière internationale.

En pleine restructuration, Toshiba se démène pour éponger les éclaboussures d'un scandale de mauvaise application des règles financières entre 2008 et 2014, une vilaine affaire qu'il veut empêcher de s'étendre.

Le groupe a reconnu vendredi que « plusieurs filiales aux États-Unis ont reçu des demandes de la part du Département de la justice et de la Commission des opérations de Bourse pour fournir des informations en lien avec des problèmes comptables ».

Les autorités seraient selon la presse en train de vérifier si Toshiba n'a pas fauté en n'imputant pas sur ses propres comptes des pertes déclarées par sa filiale américaine de conception de centrales nucléaires Westinghouse.

Cette société a réfuté vigoureusement vendredi des informations de l'agence Bloomberg sur ses propres comptes, mais Toshiba pourrait néanmoins être pris en faute sur la manière dont les pertes de sa filiale ont été traitées ensuite dans les résultats consolidés du groupe.

« Westinghouse a été transparent et aucune irrégularité comptable n'a été trouvée dans sa comptabilité. À notre connaissance, les informations financières de Westinghouse ne sont pas soumises une enquête », indique la société.

Toshiba a néanmoins fait savoir vendredi qu'il pourrait enregistrer dans ses propres comptes annuels une dépréciation relative à Westinghouse.