General Motors (GM) a enregistré des bénéfices record en 2015, dopés par les ventes de SUV et pickups aux marges confortables mais boudés à Wall Street où le secteur automobile patine depuis de nombreux mois.

Le bénéfice net annuel s'est élevé à 9,7 milliards de dollars, dont 6,3 milliards au seul quatrième trimestre qui dépasse ainsi à lui seul ce que le groupe automobile avait gagné sur l'ensemble de l'année 2014 (3,95 milliards).

Débarrassé du scandale du commutateur d'allumage défectueux lié à une centaine de morts, le premier groupe automobile américain profite au maximum des prix bas de l'essence à la pompe: ceux-ci incitent les consommateurs américains et chinois à acheter les 4X4 de ville et les camionnettes à plateau dont les prix sont plus élévés comparativement aux berlines et citadines.

Le prix du gallon d'essence (3,8 litres) était en moyenne en dessous de 2 dollars l'an dernier sur le sol américain, tandis que les prêts auto ont fortement augmenté, les banques étant moins réticentes à accorder des crédits dans un environnement de taux d'intérêt quasi nuls. Les grosses voitures ont ainsi représenté près d'un tiers des véhicules vendus par GM aux États-Unis en 2015.

Le bénéfice d'exploitation du géant de Detroit (nord) a ainsi augmenté de 67% à 11 milliards de dollars pour une marge de 10,3%, contre 6,5% en 2014, en Amérique du Nord.

GM a continué de gagner de l'argent en Chine - 572 millions de dollars au quatrième trimestre, en hausse de 12% - où il a vendu 3,6 millions de véhicules (+5%) l'an dernier malgré le ralentissement de l'économie.

En Europe, 2016 devrait marquer un retour à l'équilibre après seize ans de pertes, grâce à la commercialisation des nouvelles citadines Opel Corsa et Opel Astra.

Défiance à Wall Street

«Tous les morceaux de l'édifice sont en place pour que l'Europe renoue avec la croissance», a insisté devant des journalistes le directeur financier Chuck Stevens, écartant de nouvelles économies sur le Vieux Continent où le constructeur a perdu 800 millions de dollars en 2015 contre 1,4 milliard en 2014.

GM a certes creusé ses pertes en Amérique latine l'an dernier, à 600 millions de dollars, mais il a été à l'équilibre au quatrième trimestre, période réflétant la santé de l'activité récente.

Prévoyant une nouvelle année de ventes de voitures record aux États-Unis après un pic de 17,47 millions d'unités en 2015, le groupe automobile a confirmé ses objectifs financiers d'un bénéfice 2016 par action ajusté compris entre 5,25 à 5,75 dollars.

GM a également augmenté son dividende (de 36 à 38 cents) et rachat d'actions (de 5 à 9 milliards de dollars) et va réduire ses dépenses de plus d'un milliard de dollars d'ici 2020.

Tous ces efforts ne résonnent à Wall Street où le titre s'échange en dessous de 33 dollars, son seuil d'introduction en 2010 lors de son retour en Bourse après une année dominée par un dépôt de bilan. Depuis janvier, le titre a perdu plus de 13% et reculait de 3,04% à 28,75 dollars mercredi vers 16H00 GMT.

«Il y a de bons résultats mais est-ce vraiment ce qui compte dans un climat de craintes sur le fait qu'on a peut-être atteint le pic en termes de ventes» aux États-Unis, s'interroge Brian Johnson, analyste chez Barclays.

La défiance pèse sur l'ensemble du secteur automobile: Ford, le deuxième constructeur américain, a vu son titre plonger de 17% en janvier.

M. Stevens a dit mercredi espérer que les investissements de GM dans les modes de transports du futur - voitures autonomes, voitures connectées, services de voiture partagée et de voiture sans chauffeur - allaient finir par convaincre les investisseurs que le groupe joue les premiers rôles dans la transformation du secteur automobile.

«Le meilleur moyen de créer de la valeur pour les actionnaires est de tenir nos engagements. Si nous le faisons bien, cela s'en reflétera dans le cours de l'action», calcule le dirigeant.

Le chiffre d'affaires annuel a reculé de 2,3% à 152,36 milliards de dollars, tandis qu'il est resté stable au quatrième trimestre à 39,62 milliards de dollars.