La compagnie pétrolière britannique BP est tombée dans le rouge l'an dernier, subissant une lourde perte de 6,5 milliards de dollars, et va encore supprimer des milliers d'emplois face à la chute des cours du brut.

Sa perte nette de 6,48 milliards de dollars se compare à un bénéfice de 3,78 milliards enregistré un an plus tôt et certains de ses indicateurs financiers sont au plus mal depuis 20 ans.

BP a pointé «l'impact de la forte baisse des cours du pétrole et du gaz» sur son activité amont (exploration et production), même si cela a été compensé par d'assez bons résultats dans l'aval (raffinage, pétrochimie...).

Le géant pétrolier a annoncé une charge de 2,6 milliards au quatrième trimestre, essentiellement pour des dépréciations dans l'amont ainsi que pour des frais de restructuration.

BP a aussi continué à payer la facture héritée de l'explosion en 2010 de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique. Le groupe a encore dû mettre de côté 12 milliards de dollars l'an dernier pour faire face aux conséquences de la catastrophe, qui avait fait onze morts et causé une marée noire gigantesque.

Comme ses concurrents, BP a commencé à réduire la voilure face à la chute des cours en réduisant ses investissements et ses effectifs.

Le groupe prévoit environ 4000 suppressions de postes - déjà annoncées - parmi ses employés et sous-traitants en 2016 dans l'amont ainsi que jusqu'à 3000 supplémentaires dans l'aval d'ici la fin de 2017. Ces dernières coupes avaient été annoncées en interne mais ont été rendues publiques mardi.

«Nous continuons à agir rapidement pour nous adapter et rééquilibrer BP face à un environnement changeant», a déclaré Bob Dudley, le directeur général du groupe.

«Nous faisons de bons progrès pour gérer et réduire nos coûts et nos dépenses en capitaux, tout en maintenant des opérations sûres et fiables, et en continuant à investir de façon disciplinée dans notre portefeuille futur», a-t-il assuré.

Chute en Bourse

Le bénéfice sous-jacent ajusté (hors éléments exceptionnels et variation de la valeur des stocks) a été divisé par deux en 2015 à 5,9 milliards de dollars. Au seul quatrième trimestre, il a chuté à 196 millions, contre 2,24 milliards un an plus tôt, très loin de ce qu'attendaient les analystes (730 millions).

L'action a été sanctionnée à la Bourse de Londres, où elle enregistrait la plus mauvaise performance de l'indice FTSE-100 des principales valeurs mardi matin. Elle chutait de 8% vers 10h50 GMT.

Seul point positif pour les investisseurs: le dividende a été maintenu, à 10 pence par action au titre du quatrième trimestre.

«Ces résultats ne devraient pas trop surprendre les investisseurs, qui ont dû se préparer à faire face à la tempête sachant que les prix du pétrole ont chuté de 70% depuis l'été 2014», a souligné Helal Miah, analyste du cabinet The Share Centre.

Dans ce contexte, les grandes compagnies pétrolières sont toutes contraintes de faire profil bas. Royal Dutch Shell, dont les résultats ont fondu en 2015, prévoit de supprimer près de 10 000 emplois en 2015 et cette année en son sein et chez BG Group, qu'elle est en train de racheter.

Standard & Poor's avait abaissé lundi les notes de Shell et prévenu qu'elles pourraient encore baisser, comme celles de cinq autres majors pétrolières, dont BP et Total.

«L'ampleur de la chute des prix du pétrole - 52% en moyenne en 2015 - ne sera pas couverte par les réductions de coûts et d'investissements décidées par la plupart des compagnies pétrolières au cours de l'année», a souligné l'agence de notation américaine.

BP n'a pas caché que la situation devrait rester tendue à l'avenir, indiquant s'attendre à «ce que les prix du pétrole continuent à être difficiles à court terme».