Le groupe français de jeux vidéo Ubisoft est passé dans le rouge au premier semestre de son exercice décalé 2015-2015, en raison de l'absence de lancement de nouveau jeu au cours de cette période, mais a confirmé ses objectifs pour l'ensemble de l'année.

Le groupe, qui a vu le géant des médias Vivendi entrer à son capital ces dernières semaines de façon non sollicitée, a par ailleurs réaffirmé sa conviction que rester indépendant était la meilleure solution pour son développement.

«Nous pensons que notre modèle d'indépendance est particulièrement performant», a ainsi déclaré Alain Martinez, directeur financier d'Ubisoft, au cours d'un entretien téléphonique accordé à l'AFP.

Entre avril et septembre, Ubisoft a accusé une perte nette de 75,2 millions d'euros (un euro = 1,43$ CAD), contre un bénéfice net de 12,1 millions d'euros pour la même période de l'année précédente.

Il a par ailleurs enregistré une perte opérationnelle de 117,4 millions, contre un bénéfice opérationnel de 14,2 millions d'euros un an plus tôt, et son chiffre d'affaires a reculé de plus de la moitié, à 207,3 millions contre 484,2 millions.

«Au premier semestre, il n'y a eu aucun lancement majeur, alors que le premier semestre de l'exercice précédent avait été marqué par la sortie du jeu Watch Dog», a rappelé M. Martinez.

Pour l'ensemble de l'exercice, Ubisoft a confirmé viser un chiffre d'affaires stable par rapport au 1,46 milliard d'euros réalisé en 2014-2014 et un résultat opérationnel «non-IFRS» d'au moins 200 millions d'euros, contre 170,7 millions un an plus tôt.

Au premier semestre, le résultat opérationnel non exprimé selon les normes comptables IFRS est ressorti en perte de 107,8 millions.

Ubisoft réalise «plus de 80% du chiffre d'affaires annuel» au second semestre, a rappelé Yves Guillemot, président-directeur général, cité dans le communiqué du groupe.

De plus, la société prévoit le lancement de «cinq jeux importants» au second semestre, contre quatre lancements pour la même période un an plus tôt, a souligné M. Martinez.

Pour poursuivre sa croissance et améliorer sa rentabilité, Ubisoft compte capitaliser sur ses marques, telles qu'Assasin's Creed ou Lapins Crétins, en «les exploitant au-delà de l'univers du jeu», comme il a commencé à le faire avec des partenariats dans le cinéma et les parcs d'attractions, a expliqué le dirigeant.

Il compte également faire progresser la part du chiffre d'affaires réalisée grâce aux jeux en téléchargement, activité plus rentable que la distribution en boutiques. Les téléchargements, quasi inexistants dans l'activité du groupe il y a encore trois ans, devraient ainsi représenter «environ 30%» du chiffre d'affaires sur l'ensemble de l'exercice, et «environ 50%» dans trois ans, a-t-il ajouté.

Dans la même logique, Ubisoft souhaite aussi développer la vente de contenus supplémentaires aux joueurs (options, personnages, etc.).

Pour toutes ces raisons, «nous offrons à nos actionnaires un potentiel significatif de création de valeur sur les prochaines années», a estimé M. Guillemot, alors que Vivendi est devenu il y a deux semaines premier actionnaire du groupe avec une part de 10,39%, un investissement non concerté récemment qualifié d'«agression» par le dirigeant.

«Un créateur de jeu vidéo a besoin d'équipes compétentes et motivées et d'une grande réactivité, ce qu'un groupe intégré n'apporte pas forcément», a souligné M. Martinez.