Le spécialiste américain de la chimie DuPont (DD) a dépassé les attentes au troisième trimestre mais le groupe, qui pâtit du dollar fort et de la pression sur les matières premières, envisage de nouvelles économies et discute avec des concurrents de ses activités agricoles.

«Même si nos résultats continuent de bénéficier des effets positifs de nos efforts de restructuration et de productivité, nous ne sommes pas satisfaits de notre performance sur le trimestre», a souligné le directeur financier du groupe Nick Fanandakis, cité dans un communiqué.

Le bénéfice net du groupe a baissé de 46% à 235 millions de dollars. Le bénéfice par action et hors éléments exceptionnels, la mesure de référence à Wall Street, est toutefois ressorti à 13 cents, au-delà des anticipations (10 cents).

De juillet à septembre, les revenus du groupe ont de leur côté reculé de 17%, à 4,87 milliards de dollars, décevant le marché qui anticipait 5,3 milliards de dollars.

Le chiffre d'affaires de DuPont a souffert notamment de l'impact négatif de l'évolution des taux de change à hauteur de 8% et d'une baisse des volumes à hauteur de 7%.

Le groupe subit de plein fouet les difficultés sur les marchés agricoles, en particulier au Brésil, ainsi que la baisse des cours du pétrole et du gaz qui ralentit la demande pour ses équipements de protection.

Face à ces difficultés, DuPont avait, début octobre, abaissé ses prévisions de résultats annuels, dévoilé un nouveau plan d'économies de 1,6 milliard de dollars d'ici fin 2017 et annoncé le départ, surprise, de sa PDG Ellen Kullman.

Depuis, «nous avons examiné avec attention la structure des coûts, la performance de nos fonds de roulement et nos investissements», a indiqué son remplaçant par intérim, Ed Breen, lors d'une conférence téléphonique.

«Nous distinguons des possibilités d'amélioration dans ces trois domaines et nous y travaillons avec un sens aigu de l'urgence», a-t-il ajouté en indiquant que de nouvelles annonces interviendraient probablement d'ici la fin de l'année.

Recrutement du patron toujours en cours

Ancien patron du conglomérat industriel Tyco International, Ed Breen n'a pas souhaité indiquer s'il était candidat à la succession d'Ellen Kullman, soulignant juste que le processus de recrutement «ne devrait plus prendre beaucoup de temps».

Il a revanche ébauché des pistes d'économies, notamment dans la recherche et le développement.

Il a aussi souligné qu'il restait «ouvert» à toutes éventualités pour les activités liées à l'agriculture.

Alors que le groupe semencier Monsanto a fait en mai des avances, repoussées, à son concurrent suisse Syngenta, et que Dow Chemical a évoqué la semaine dernière la possibilité d'une vente de sa filiale dédiée à l'agriculture, Ed Breen a indiqué être «en discussions avec les autres patrons» du secteur. «Une consolidation est à l'oeuvre et nous ferons en sorte que DuPont y participe», a-t-il affirmé.

«Si nous voyons quelque chose qui peut créer de la valeur pour nos actionnaires, nous l'étudierons sérieusement», a-t-il souligné.

Le groupe a fait face ces derniers mois aux pressions de l'investisseur activiste Nelson Peltz, qui préconise un divorce entre les activités liées à l'agriculture, la nutrition et la santé d'un côté et celles portant sur les matériaux à hautes performances, les équipements de protection et la communication de l'autre. Un schéma auquel s'était opposée l'ancienne direction.

Vers 11h00 le titre, qui avait déjà pris 18% depuis l'annonce du départ d'Ellen Kullman le 6 octobre, gagnait 1,56% à 61,31 dollars à la Bourse de New York.