Sharp (SHCAY), pionnier japonais des écrans à cristaux liquides (LCD), a lancé lundi un avertissement sur ses résultats du premier semestre de l'exercice 2015/16, estimant avoir subi une perte nette de 84 milliards de yens (environ 913 millions de dollars).

Le groupe, qui traverse depuis des années une phase très difficile, a indiqué dans un bref communiqué souffrir de la baisse de la demande d'écrans de téléphones intelligents en provenance de Chine ainsi que de la chute des tarifs du fait de la férocité de la concurrence.

Son résultat d'exploitation des mois d'avril à septembre devrait également s'inscrire en rouge, avec une perte opérationnelle de l'ordre de 26 milliards de yens (environ 28 millions de dollars) au lieu d'un gain de 10 milliards (11 millions de dollars) espéré précédemment, pour un chiffre d'affaires désormais évalué à 1270 milliards de yens (1,38 milliard de dollars), au lieu de 1300 milliards (1,41 milliard de dollars).

Le groupe, qui devrait donner vendredi ses résultats semestriels définitifs, n'a pas établi de prévisions de résultat net pour l'ensemble de l'exercice qui sera clos le 31 mars 2016.

Il a cependant revu négativement son estimation de chiffre d'affaires à 2700 milliards (environ 29 millions de dollars) de yens au lieu de 2800 milliards (plus de 30 millions de dollars). Son bénéfice d'exploitation annuel devrait plafonner à seulement 10 milliards de yens (110 millions de dollars), au lieu de 80 milliards (87 millions de dollars) escomptés jusqu'à présent.

Cet avertissement sur résultats ne constitue pas à proprement parler une surprise. La presse japonaise ne cesse de publier des rumeurs sur la firme d'Osaka (ouest), dont des données assez précises sur sa situation financière.

La mauvaise posture dans laquelle se trouve Sharp risque d'accentuer la nécessité de recourir à des tiers pour éviter une descente vers les bas-fonds.

Sharp a reconnu récemment étudier différentes options pour son activité LCD, niant toutefois des discussions concrètes avec une entreprise particulière susceptible de la lui reprendre en tout ou partie.

Selon les journaux, Sharp examinerait la possibilité de se défaire de cette activité pilier de plus en plus difficile à rentabiliser, même si le groupe continue d'être techniquement à la pointe des innovations dans ce domaine.

Serait envisagé entre autres un schéma selon lequel Sharp créerait une nouvelle société concentrant son activité LCD, entité dont il ne serait propriétaire qu'à hauteur de moins de 50 %. Son concurrent et compatriote Japan Display pourrait en détenir la majeure partie.

Sharp pourrait aussi bénéficier du soutien financier de l'INCJ (Innovation Network Corporation of Japan), un fonds semi-public dont la mission est de remettre sur les rails des sociétés qui possèdent des pépites technologiques, mais qui ont des difficultés à en tirer pleinement profit du fait des énormes moyens financiers requis et d'une concurrence toujours plus vive.

Une autre option - mais qui ferait craindre au gouvernement nippon des fuites technologiques - serait une cession partielle au géant taïwanais Hon Hai (plus connu sous l'appellation commerciale Foxconn).

En confiant la direction des opérations à une autre entreprise, Sharp pourrait atténuer le fardeau qui pèse sur l'ensemble du groupe pour lequel les LCD représentent quand même près d'un tiers du chiffre d'affaires.