Le conglomérat industriel américain General Electric (GE), qui tourne le dos à la finance, commence à récolter les premiers fruits de ce virage stratégique malgré la conjoncture morose et la volatilité.

Les coûts de cette restructuration ont fait plonger le bénéfice net de 29 % à 2,5 milliards de dollars au troisième trimestre, selon un communiqué publié vendredi.

Néanmoins, quand ce résultat est lesté des éléments exceptionnels, le bénéfice par action ressort à 29 cents, au-dessus des attentes des marchés (28 cents).

À Wall Street, le titre gagnait 2,18 % à 28,64 % vers 9 h 50, poursuivant une ascension entamée il y a plusieurs jours.

Le conglomérat est lancé dans une course contre la montre pour démanteler GE Capital, son bras financier, qui représentait encore plus de la moitié des bénéfices il y a encore deux ans mais a failli entraîner son effondrement pendant la crise de 2008.

Il vient de franchir une étape importante de ce désengagement en cédant pour 30 milliards de dollars d'actifs financiers cette semaine à la banque Wells Fargo et va procéder la semaine prochaine à un échange de titres de sa filiale de banque de détail américaine cotée, Synchrony.

Depuis avril, GE a vendu pour 126 milliards de dollars d'actifs financiers et immobiliers et entend distribuer une grande partie de cette manne à ses actionnaires sous forme de dividendes.

Son « retour » vers ses activités traditionnelles - fabrication de moteurs d'avions, de turbines à gaz, de locomotives et d'équipements de santé - se poursuit sans grand accroc, malgré le ralentissement de l'économie mondiale et un recul de la demande pour ses services et technologies dans l'industrie pétrolière affectée par la chute des cours du brut.

« Opportunités en Chine » 

« La transformation de notre portefeuille [d'activités] s'effectue à un rythme sans précédent », se réjouit le PDG Jeffrey Immelt. « Nous nous positionnons pour nous développer plus vite que nos concurrents », a-t-il ajouté, assurant que l'activité dans l'industrie était « robuste » en dépit de la volatilité et des inquiétudes entourant l'économie chinoise.

« Nous entrevoyons même des opportunités en Chine », a déclaré le dirigeant.

Si les commandes dans l'industrie ont chuté de 26 % sur le trimestre en raison principalement du dollar fort, le bénéfice opérationnel des activités industrielles a augmenté de 5 % à 4,5 milliards de dollars.

L'activité a augmenté dans quasiment tous les secteurs industriels: +1,3 % dans la division énergie (turbines à gaz...), la plus grosse, +5,3 % dans l'aviation aéronautique (moteurs d'avions), +3,4 % dans les transports (locomotives), +8,3 % dans l'électroménager et l'éclairage.

Comme attendu, les revenus du pétrole et gaz ont chuté de 16 %, en partie à cause du dollar fort, a expliqué GE assurant que ce secteur était plus robuste qu'il ne l'était il y a quelques mois.

Le chiffre d'affaires total a reculé de 1,32 % à 31,68 milliards de dollars mais en excluant les activités cédées, il est de 27,94 milliards de dollars contre 28,57 milliards attendus.

Honeywell, un des concurrents de GE, a également enregistré une baisse de son chiffre d'affaires, due à la demande dans le secteur énergétique et le dollar fort mais encouragé par le rythme de son plan d'économies, il a confirmé son objectif de bénéfice opérationnel annuel.

C'est aussi le cas de GE, qui prévoit toujours un bénéfice par action ajusté dans l'industrie de 1,13 à 1,20 dollar, du fait d'un carnet de commandes garni (270 milliards à fin septembre, en hausse de 5 % sur un an).

Quant au chiffre d'affaires, « il sera mieux qu'en 2014 », a indiqué vendredi Jeffrey Immelt, promettant une année 2016 encore meilleure du fait de l'intégration du pole énergie du fleuron industriel français Alstom dont le rachat sera finalisé « dans les prochaines semaines ».

Cet optimisme intervient au moment où GE est sous la pression d'un investisseur activiste américain ayant investi 2,5 milliards de dollars dans le groupe.

Le milliardaire Nelson Peltz, qui dirige le fonds d'investissement Trian Partners, est connu pour demander aux directions des groupes dans lesquels il investit de rémunérer plus largement leurs actionnaires, en réduisant drastiquement les coûts et en isolant les activités non-lucratives. Il fait maintenant partie des dix premiers actionnaires de GE.