Le géant américain des puces informatiques Intel a inquiété mardi avec des signes de ralentissement de sa croissance sur le créneau des centres de données, qui l'aidait beaucoup jusqu'ici à compenser la crise persistante sur le marché du PC.

Au troisième trimestre encore, pour lequel le groupe publiait ses résultats mardi soir, «dans l'ensemble, nous voyons une faible activité dans (les composants pour) PC compensée par une forte croissance dans les activités liées aux centres de données, aux mémoires et aux objets connectés», a commenté le directeur financier, Stacy Smith, lors d'une téléconférence avec des analystes.

Si ces trois dernières activités afficheront des taux de croissance élevés sur l'ensemble de 2015, il a prévenu que dans les centres de données et les objets connectés, ils seraient «plus bas que ce qui était attendu en début d'année, suite à une croissance macroéconomique plus faible que prévu».

La progression du chiffre d'affaires annuel des composants pour centres de données, un gros débouché alternatif du groupe, se limitera en particulier à «un bas nombre à deux chiffres», soit probablement de l'ordre de 10% à 12%, contre environ 15% espérés auparavant, a-t-il précisé.

Cette prévision a été immédiatement sanctionnée à Wall Street, faisant baisser l'action Intel d'environ 3% dans les échanges électroniques suivant la clôture.

Conversion à Windows 10 attendue 

Les composants pour centres de données sont aujourd'hui la deuxième plus grosse branche d'activité du groupe après ceux destinés aux appareils informatiques comme les ordinateurs ou les tablettes. Et ils sont, avec les puces pour objets connectés, au coeur de la stratégie de diversification menée par Brian Krzanich depuis son arrivée à la tête d'Intel en 2013, en réaction à la crise du PC.

Le directeur général a assuré mardi que cette stratégie avait continué de payer au troisième trimestre, «malgré des problèmes macroéconomiques persistants». Le bénéfice net a certes reculé de 6% à 3,1 milliards de dollars, mais les résultats étaient dans les grandes lignes supérieurs aux attentes, et même jugés «impressionnants» par les analystes de RBC Capital Markets.

Le bénéfice par action, la référence à Wall Street, est ressorti à 64 cents contre seulement 59 cents attendus en moyenne par les analystes. Le chiffre d'affaires stagne à 14,5 milliards de dollars, contre 14,6 milliards un an plus tôt, mais cela suffit à dépasser les 14,2 milliards qu'anticipait le marché.

Le chiffre d'affaires a notamment grimpé de 12% à 4,1 milliards de dollars dans les composants pour centres de données, et de 10% à 581 millions de dollars pour ceux destinés aux objets connectés.

Sans surprise en revanche, les composants pour les appareils informatiques accusent un déclin de 7% à 8,5 milliards.

Les ventes mondiales de PC, en chute libre depuis plus de trois ans, ont en effet encore reculé au troisième trimestre (-7,7% selon le cabinet Gartner, et même de -10,8% selon son concurrent IDC).

Intel a enregistré lui-même une chute de 15% de ses volumes de ventes de composants pour les ordinateurs de bureau, de 14% pour les ordinateurs portables et même de 39% pour les tablettes.

«Le marché du PC commence à se stabiliser», a affirmé malgré tout Brian Krzanich.

Intel fait notamment état d'augmentations des prix de vente unitaires de ses puces.

Beaucoup d'observateurs espèrent aussi à terme un effet positif du récent lancement par Microsoft d'un nouveau système d'exploitation, Windows 10, qui pourrait convaincre les entreprises de renouveler leur parc informatique. Intel espère également donner un coup de pouce au marché avec sa nouvelle puce Skylake.

«Ces transitions vont prendre du temps», a toutefois prévenu Brian Krzanich, disant rester prudent. «Les entreprises, je pense, se tourneront plus vite vers Windows 10 que vers d'autres générations de Windows, mais les entreprises mettent encore du temps avant de faire ce genre de conversion», a-t-il rappelé, disant ne pas attendre d'effet réel avant l'année prochaine.

En attendant, Intel a confirmé que son chiffre d'affaires annuel devrait reculer d'environ 1%. Au quatrième trimestre, il attend entre 14,3 et 15,3 milliards de dollars, un niveau conforme aux attentes des analystes.