L'épicier Metro (T.MRU) traite ses actionnaires aux petits oignons: c'est la 20eannée consécutive que son dividende augmente et la troisième fois que l'action, étiquetée MRU, est fractionnée depuis 1995.

En Bourse, les actions de la chaîne d'alimentation montréalaise ont d'ailleurs poursuivi leur course au-delà de toutes les attentes. Elles ont passé le cap historique des 100$ pièce dès l'ouverture hier matin, jusqu'à atteindre 104$ dans la demi-heure. À 101,25$ en clôture, le titre marque un gain de 4% par rapport à la veille malgré les vents contraires sur le marché.

Ces actions prisées des investisseurs prudents avancent à grandes enjambées depuis qu'elles ont renoué avec les sommets, l'automne dernier. Elles ont déjà gagné plus de 9% depuis le début de l'année après avoir progressé de près de 50% en 2014.

Le titre a tout pour plaire aux investisseurs dans un marché tourmenté. Son dividende trimestriel, en hausse de 16,7%, soit deux fois plus que prévu, rapportera environ 1,4%. Le titre sera par ailleurs fractionné en trois, le 12 février prochain, après avoir été scindé en deux en 1997 et encore en 2002. Cela est généralement vu en Bourse comme un signe de bonne santé.

Ces dernières décisions surviennent à la faveur d'un bénéfice net de 112,5 millions de dollars pour la période de trois mois terminée le 20 décembre, un gain de 13,4% par rapport à la même période il y a un an, grâce à une augmentation des ventes de 5,2%, à 2,8 milliards. Le bénéfice par action ajusté, à 1,35$ par action, surpasse de 4 cents les attentes des analystes.

L'épicier montréalais a aussi racheté beaucoup d'actions en circulation dans les deux dernières années grâce aux profits extraordinaires tirés de la vente d'une partie seulement de sa participation dans Alimentation Couche-Tard, un autre chouchou des investisseurs pour sa croissance boursière fulgurante.

Fin de course?

Le titre MRU a cependant défoncé la cible de prix moyenne de 94$ en 12 mois fixée par la quinzaine d'analystes financiers qui s'y intéressent. Les deux plus optimistes, Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, et Patricia Baker, de Scotia Capital, visent 103$ et 104$ respectivement. David Hartley, du Crédit Suisse, le voit à 75$.

Pour sa part, l'analyste Peter Sklar maintient sa cible de prix à 90$ seulement. L'expert de BMO Marchés des capitaux, qui a souvent critiqué la part disproportionnée des affaires de Metro au Québec, où la concurrence s'intensifie, note que l'entreprise a été habile, au dernier trimestre, en faisant supporter aux consommateurs la hausse des prix des aliments causée par la faiblesse du dollar canadien, mais il estime que l'amélioration du bénéfice d'exploitation résulte principalement de l'acquisition de la chaîne de boulangerie Première Moisson, l'été dernier.

Keith Howlett, de Valeurs mobilières Desjardins, qui comptait sur le partenariat avec Target au Québec pour générer de la croissance, se montre quant à lui soulagé par le peu d'impact attendu de la fermeture des 14 franchises des pharmacies Brunet exploitées par Metro dans les magasins condamnés de Target au Québec. L'expert du commerce de détail prévoit par ailleurs que les épiciers seront les premiers à bénéficier de la disparition de ce concurrent furtif. Il voit le titre à 98$.

Metro, qui pèse maintenant près de 8,7 milliards en Bourse, est depuis peu la deuxième capitalisation canadienne de l'industrie devant sa rivale Empire (Sobeys, IGA et Safeway), mais après Loblaw, par ailleurs trois fois plus grosse.

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LA RECOMMANDATION

La communauté financière demeure toujours aussi partagée quant au potentiel d'appréciation boursière du titre vedette de Québec inc. Sept analystes sont acheteurs, mais autant demeurent sur la clôture, et l'un prône même la vente des actions de l'épicier, selon le dernier sondage de l'agence financière Bloomberg. (On avait relevé sensiblement les mêmes positions lors d'une précédente chronique, il y a un an et demi, quand le titre valait encore 65$.)