La Banque Royale du Canada (T.RY) a indiqué mercredi qu'elle consacrerait une plus grande partie de ses efforts aux produits d'investissement et aux prêts aux entreprises, puisque certains signes lui font croire que les consommateurs canadiens commencent à perdre leur appétit pour la dette.

«Comme prévu, nous avons observé une modération des prêts aux consommateurs après plusieurs années de forte croissance du crédit», a noté le chef de la direction de la Banque Royale, Dave McKay, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

«Nous nous préparons depuis un certain temps à ce changement. En fait, nous avons passé la dernière décennie à améliorer notre gamme de solutions d'épargne et d'investissement et à augmenter notre effectif de professionnels en investissement.»

Cependant, la faiblesse des taux d'intérêt continuera d'être un «vent contraire» pour toutes les banques, a poursuivi M. McKay, qui a pris les rênes de la banque en août, à la suite du départ à la retraite de Gordon Nixon.

En outre, la Banque Royale a indiqué qu'elle surveillait attentivement son portefeuille hypothécaire afin de détecter rapidement tout indice laissant présager que les acheteurs de maisons pourraient avoir de la difficulté à rembourser leur prêt, particulièrement une fois que les taux d'intérêt auront commencé à augmenter.

Le responsable de la gestion du risque de la banque, Mark Hugues, a expliqué que la Royale effectuait au quotidien «des tests de tension reponsant sur de nombreux scénarios, incluant des augmentations du chômage et des taux d'intérêt, un ralentissement du marché immobilier et, compte tenu des conditions actuelles du marché, le prix du pétrole».

Jusqu'à maintenant, M. Hugues affirme ne rien observer de particulièrement inquiétant.

La solide performance des activités canadiennes de la Banque Royale a aidé la plus grande banque du pays à afficher un bénéfice de 2,33 milliards de dollars pour son quatrième trimestre, en hausse de 11% par rapport à l'an dernier.

Sur une base ajustée, son bénéfice par action s'est établi à 1,59 $, alors que les analystes s'attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté par action de 1,58 $, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Pour le trimestre clos le 31 octobre, les revenus totaux de la Royale se sont chiffrés à 8,38 milliards, en hausse de 463 millions, soit 5,8%, par rapport à la même période l'année précédente. Le rendement des capitaux propres a grimpé à 19%, comparativement à 18,8% un an plus tôt.

En moyenne, les analystes misaient sur un chiffre d'affaires de 8,40 milliards de dollars pour le trimestre.

La division des activités bancaires canadiennes de la banque a réalisé un bénéfice net record de 1,21 milliard pour le quatrième trimestre, en hausse de 123 millions de dollars comparativement à l'année précédente, tandis que ses revenus ont grimpé à 3,34 milliards, contre 3,11 milliards au quatrième trimestre de l'an dernier.

Cependant, l'analyste Robert Sedran, de la Banque CIBC, a noté que les résultats des activités canadiennes comprenaient des «ajustements comptables cumulatifs nets favorables» d'environ 40 millions $ après impôt.

Le secteur des services bancaires aux particuliers et aux entreprises canadiens a aussi profité d'une croissance des revenus tirés des services tarifés et d'une hausse des volumes de la plupart de ses activités.

La division RBC Marchés des capitaux a été un des rares points faibles du plus récent trimestre, avec un bénéfice net en baisse de 14 pour cent à 402 millions $, un recul que l'institution a attribué à une baisse des revenus de négociation.

Le segment de la gestion du patrimoine a affiché un bénéfice net de 285 millions $ au quatrième trimestre, en hausse de 83 millions $, ou 41 pour cent, par rapport à l'an dernier, malgré l'inscription de coûts de restructuration de 18 millions $ après impôts liés à ses activités aux États-Unis et à l'international.

Pour l'ensemble de l'exercice financier 2014, la Banque Royale a engrangé un bénéfice net de 9 milliards $, en hausse de huit pour cent par rapport à celui de 8,34 milliards $ réalisé l'an dernier. Son bénéfice par action a grimpé de 51 cents à 6 $ par action ordinaire, tandis que le rendement sur les capitaux propres a reculé à 19 pour cent, par rapport à 19,7 pour cent un an plus tôt. Les revenus annuels ont grimpé de 3,4 milliards $, soit 11 pour cent, à 34,1 milliards $.

La Banque Royale a annoncé le mois dernier son intention de mettre fin à ses activités de gestion de patrimoine dans les Caraïbes, une décision qui touchera les équipes de gestion de patrimoine internationales à Toronto, Montréal et aux États-Unis. La banque n'a toujours pas précisé mercredi combien d'emplois seraient supprimés dans la foulée de cette décision.

La banque repositionne aussi ses activités bancaires dans les Caraïbes, qui ont été touchées par les difficultés économiques de la région. M. McKay s'est dit confiant de voir ce segment d'affaires renouer avec la rentabilité dès l'an prochain.