Le groupe pharmaceutique américain Merck (MRK) a resserré lundi la fourchette de ses prévisions annuelles, après une baisse de ses bénéfices et ventes au troisième trimestre.

Le laboratoire pharmaceutique américain Merck pâtit de l'expiration de ses brevets mais mise à court terme sur les résultats de son plan d'économies en attendant l'arrivée sur le marché de médicaments prometteurs dans l'oncologie.

Le deuxième groupe pharmaceutique américain après Pfizer a enregistré une chute de 20,4% sur un an à 895 millions de dollars de son bénéfice net au troisième trimestre, selon un communiqué publié lundi.

Le bénéfice ajusté par action, référence en Amérique du Nord, est ressorti néanmoins à 90 cents, contre 88 cents attendus en moyenne par les analystes.

À Wall Street, le titre baissait de 1,91% à 56,51 dollars vers 10h40

L'argent gagné par Merck provient essentiellement des économies réalisées du fait de la restructuration lancée fin 2013. Ses dépenses liées à cette décision stratégique ont ainsi diminué de 36,7% en un an, tandis que les frais administratifs et marketing ont baissé de 5,4% et les coûts de la Recherche et développement (R&D) ont reculé de 6,6%.

Merck avait annoncé à l'automne 2013 un plan d'économie qui prévoyait 8.500 suppressions d'emplois d'ici fin 2015 et fait part de son intention de se concentrer sur quelques domaines thérapeutiques clés comme l'oncologie, le diabète, les vaccins et les soins hospitaliers de courte durée.

Il a ainsi finalisé durant le troisième trimestre la cession au concurrent allemand Bayer pour 14,2 milliards de dollars de sa division de produits de consommation grand public, qui comprend des médicaments en vente libre comme le traitement contre l'allergie Claritin, mais aussi les crèmes solaires Coppertone ou les produits pour les pieds Dr Scholl's.

Mais à court terme les ventes du laboratoire américain restent affectées par la concurrence des génériques. Le chiffre d'affaires trimestriel de 10,56 milliards de dollars (-4,30% sur un an) est inférieur aux 10,67 milliards attendus en moyenne par les analystes.

Dans la diabétologie, l'anti-diabétique Januvia-Janumet a vu ses ventes augmenter de 5%, alors que celles des autres médicaments vedettes, les anti-cholestérol Zetia et Vytorin ont diminué de -3%.

Dans l'immunothérapie, autre créneau de croissance, les ventes sont également contrastées. Les recettes du Gardasil (vaccin pour prévenir le cancer du col de l'utérus) ont chuté de 11%, celles de l'antirétroviral Isentress (utilisé dans le traitement du sida) également mais seulement de 3%. En revanche, les ventes du Remicade (maladies inflammatoires ou auto-immunes) ont progressé de 5%.

Enfin, les ventes du Singulair, traitement contre l'asthme, ont fondu de 22% tandis que celles de Victelis, le traitement contre l'hépatite C ont dégringolé de 77,7%.

La baisse des recettes générées par nombre de ces médicaments vedettes reflète un impact défavorable de désinvestissements dans certains produits, l'expiration de brevets, a résumé Merck, qui a par ailleurs affiné ses prévisions annuelles.

Il s'attend désormais à un bénéfice par action annuel compris entre 3,46 et 3,50 dollars, contre une fourchette initiale de 3,43 à 3,53 dollars, en raison notamment de sa restructuration en cours et des dépenses liées au développement de son «pipeline». Les revenus attendus seront de 42,4 à 42,8 milliards de dollars.

Les analystes anticipent actuellement 3,47 dollars pour le bénéfice par action et 42,55 dollars pour les ventes.

Espoirs dans le cancer

Merck fonde ses espoirs sur un «pipeline» prometteur dans l'oncologie.

Le Keytruda, traitement contre le mélanome avancé, un cancer agressif de la peau, s'est vu octroyer le feu vert de l'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) pour un examen accéléré, dernière étape avant sa commercialisation.

Il est le premier traitement approuvé par la FDA (Food and Drug Administration) ciblant une fonction cellulaire appelée PD-1 qui freine le système immunitaire et l'empêche d'attaquer les cellules cancéreuses.

Merck n'écarte pas par ailleurs de futures cessions. «Nous allons continuer à examiner les opportunités», a déclaré lundi devant les analystes le directeur général, Kenneth Frazier.

Analystes et marchés suggèrent depuis plusieurs mois à Merck de céder ses produits mâtures, concurrencés par les génériques, pour se concentrer sur ses traitements en développement.