Le syndicat Unifor soutient que Ford Motor a décidé de construire au Mexique ses nouveaux moteurs parce qu'il n'a pu s'entendre avec les gouvernements ontarien et fédéral.

Le président national d'Unifor, Jerry Dias, s'est dit déçu d'apprendre qu'après des mois de négociations, le constructeur américain et les deux ordres de gouvernements n'avaient pu trouver un terrain d'entente pour générer les investissements à Windsor.

«Les industries du secteur automobile qui connaissent un essor à l'échelle mondiale sont celles qui bénéficient d'un solide engagement des gouvernements qui comprennent leur importance et le bien-fondé d'investissements - qui paient toujours des dividendes», a fait valoir M. Dias dans un communiqué.

Le syndicat, qui représente notamment les travailleurs de Ford à Windsor, en Ontario, soutient que le constructeur aurait pu y assurer la stabilité à long terme de l'usine et le maintien de plus de 1000 emplois s'il avait décidé de produire ses moteurs dans cette ville.

Les dirigeants de la section 200 du syndicat Unifor, qui représente les travailleurs de Ford à Windsor, doivent tenir une assemblée générale des membres, dimanche, pour faire le point dans ce dossier.

Les deux ordres de gouvernement ont laissé entendre qu'ils n'investiraient pas dans le projet en raison de l'absence de certains engagements économiques et de créations d'emplois de la part du constructeur.

«Notre gouvernement s'est engagé à s'allier avec les entreprises de façon responsable du point de vue financier, mais nous n'allons pas investir l'argent des contribuables dans un partenariat qui n'offre pas un rendement important pour les Ontariens», a expliqué par communiqué le ministre ontarien du Développement économique, de l'Emploi et de l'Infrastructure, Brad Duguid.

M. Duguid a évoqué des partenariats passés avec Ford Canada qui «justifiaient» les investissements requis, comme l'aide de 71 millions $ pour l'installation d'assemblage d'Oakville, en Ontario, en 2013, et les 98 millions $ à l'usine de moteurs d'Essex, également en Ontario, en 2010.

Plus tôt ce mois-ci, Ford a annoncé qu'il créerait un millier de postes à son usine d'Oakville, d'ici la fin de l'année, pour y construire son modèle 2015 du VUS multisegment Edge.

Le gouvernement fédéral a pour sa part affirmé que Ford avait approché récemment Ottawa et le gouvernement ontarien avec une «requête de financement sans précédent».

«Après des semaines de discussions, il a été déterminé que les termes définis dans la proposition de Ford ne représentaient pas les meilleurs intérêts des contribuables canadiens», a fait valoir le porte-parole du ministre fédéral de l'Industrie James Moore, Jake Enwright.

«Notre gouvernement soutient les projets qui assurent des emplois de qualité et livrent des avantages économiques à long terme pour le Canada. Les termes élaborés dans la proposition de Ford ne respectaient pas ces objectifs», a-t-il poursuivi.

Ford n'a pas voulu confirmer s'il construirait son nouveau moteur au Mexique, disant qu'il ne discutait pas de ses projets de production futurs pour des «raisons de concurrence».

«Nous rencontrons les gouvernements sur une base régulière pour discuter de divers enjeux. Nous estimons que ces discussions sont confidentielles», a exprimé la directrice des communications de Ford du Canada, Michelle Lee-Gracey.

Le bénéfice de Ford fond au troisième trimestre

Ford a vu son bénéfice chuter de 34 % à 835 millions de dollars américains au troisième trimestre, surtout en raison des coûts associés au lancement des nouveaux camions F-150.

Cela correspond à un profit de 21 cents par action, comparativement à 31 cents l'an dernier. Le bénéfice ajusté de Ford se chiffre à 24 cents US par action, soit nettement mieux que la performance de 19 cents par action attendue par Wall Street.

Les revenus trimestriels de la compagnie ont augmenté de 2,5 % à 34,9 milliards, tandis que les analystes attendaient 33,7 milliards.

La compagnie a dû fermer son usine de Dearborn pendant cinq semaines, ce qui lui a occasionné des pertes de 700 millions. Le nouveau modèle sera partiellement fait d'aluminium.

Le bénéfice avant impôt de Ford en Amérique du Nord a fondu de 39 % à 1,4 milliard. Les ventes dans la région ont glissé de 8 %.

Ford a perdu de l'argent en Europe, en Amérique du Sud et dans la région Moyen-Orient-Afrique. Ses ventes ont pris du mieux en Asie, mais des investissements dans la région ont vu son bénéfice avant impôt plonger de 62 % à 44 millions.