Le géant minier anglo-australien Rio Tinto (RIO), revenu aux bénéfices en 2013 après avoir essuyé l'année précédente ses premières pertes depuis 1995, continue de récolter le fruit de ses économies avec des résultats en forte hausse au premier semestre.

Rio Tinto a fait état jeudi d'un bénéfice net multiplié par 2,5 sur les six premiers mois de l'année, à 4,4 milliards de dollars US, sous l'effet d'une réduction de ses dépenses opérationnelles et de sa dette.

Alors que le chiffre d'affaires est quasi inchangé sur un an (24,3 milliards US) dans un contexte de baisse continue des cours du minerai de fer, et que son bénéfice d'exploitation s'affiche en repli (-3% à 5,6 milliards US), Rio Tinto a réalisé une «performance exceptionnelle» entre janvier et juin, a salué son PDG, Sam Walsh.

Les provisions pour dépréciations d'actifs ont été multipliées par cinq, à plus de 1 milliard US, mais les coûts opérationnels ont diminué de 6%, à 16,9 milliards US.

Le groupe, numéro deux mondial du minerai de fer derrière le brésilien Vale, a dégagé un bénéfice sous-jacent (hors exceptionnels) en hausse de 21%, à 5,1 milliards US.

«Nos performances dépassent nos engagements avec six mois d'avance sur l'objectif d'une réduction des dépenses opérationnelles de 3 milliards US (par rapport à 2012, NDLR), des volumes de production record et une amélioration de productivité à tous les étages», s'est félicité Sam Walsh.

Sur les six premiers mois de 2014, Rio a produit 139,5 millions de tonnes de minerai de fer, en hausse de 10% sur un an. Ses exportations ont atteint 142,4 millions, en progression de 20% par rapport à la même période de 2013.

Le groupe accroît ses capacités de production car il estime que la demande de la Chine pour ce minerai, ingrédient clé de l'industrie sidérurgique, restera vigoureuse. Sur le premier semestre 2014, la Chine en a importé 457 millions de tonnes, en hausse de 19% sur un an, selon les statistiques douanières.

«Nous avons réduit notre endettement net de 6 milliards de dollars US en un an» par le biais notamment d'une baisse des dépenses en capital et du produit des cessions, a ajouté Sam Walsh.

Après avoir cédé certaines activités et supprimé 2200 emplois, Rio escompte une réduction supplémentaire de ses dépenses opérationnelles d'un milliard de dollars d'ici la fin de 2015.

M. Walsh avait succédé à Tom Albanese en 2013, remercié en raison des dépréciations passées dans les comptes de 2012, liées à des difficultés dans des mines de charbon au Mozambique et à sa division aluminium.

Comme d'autres géants miniers, Rio Tinto a été contraint de déprécier ses actifs de plusieurs milliards de dollars après s'être lancé dans une campagne d'acquisitions surpayées en pleine bulle des matières premières.

Confrontés en outre à une baisse des cours des matières premières, les groupes miniers à travers le monde licencient, vendent leurs actifs et réduisent leurs investissements, afin de renforcer leurs comptes.

Rio a ainsi conclu en juillet la vente de ses gisements de charbon au Mozambique, qu'il avait fortement dépréciés l'an dernier. L'acquéreur est un groupement indien qui a mis 50 millions de dollars sur la table.

Le groupe a fixé un dividende de 96 cents US (+15%), conforme avec les attentes des analystes.

Son action a terminé en hausse de 0,76% à la Bourse de Sydney, à 66,32 dollars australiens, avant la publication de ses résultats intermédiaires.