Le constructeur d'automobiles japonais Toyota (TM) a encore enregistré un premier trimestre 2014-2015 record, mais l'avenir s'annonce moins radieux pour le numéro un mondial qui pourrait bientôt perdre son titre au profit de l'allemand Volkswagen (VLKAY).

Entre le 1er avril et le 30 juin, les profits du groupe japonais ont modestement avancé. Ils n'en atteignent pas moins un niveau inédit.

Le géant nippon a ainsi dégagé un bénéfice net de 587,8 milliards de yens (6,3 milliards de dollars CAN), en hausse de 4,6% sur un an. Le résultat opérationnel a évolué dans les mêmes proportions (+4,4%), à 692,8 milliards de yens, dépassant le niveau atteint en avril-juin 2007 avant la crise financière internationale, qui avait temporairement plongé le groupe dans le rouge.

Cette performance, Toyota l'explique essentiellement par «des efforts de réduction des coûts» et des effets de change favorables. Comme l'an passé, il a profité de la dépréciation du yen qui élève la valeur de ses revenus encaissés à l'étranger, une fois convertis en monnaie nippone.

Pour autant, les ventes de véhicules ont stagné en volume, pour un chiffre d'affaires de 6390 milliards de yens (+2,2%). Le fleuron de Nagoya (centre du Japon) a écoulé sur la période 2,24 millions d'unités, à peine 0,4% de plus qu'un an auparavant, en s'appuyant sur l'ensemble de ses marques (Toyota, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino et voitures de luxe Lexus).

Il a même revu ses ambitions à la baisse pour l'année calendaire 2014, au risque d'être détrôné par son rival Volkswagen. S'il prévoit toujours de franchir la barre des 10 millions de véhicules vendus, total qu'aucun constructeur n'est parvenu à dépasser dans l'histoire de l'automobile, il vise désormais l'objectif de 10,22 millions (+2% par rapport à 2013), contre 10,32 initialement.

Le Japon et l'Asie à la peine

Au printemps, l'activité de Toyota a été soutenue par l'Europe, l'Amérique du Nord et le Moyen-Orient, tandis que le Japon a trébuché, victime du contrecoup de la hausse d'une taxe sur la consommation le 1er avril, a détaillé lors d'une conférence de presse un responsable financier du groupe, Takuo Sasaki, qui entrevoit néanmoins une reprise dans l'archipel.

Toyota a aussi souffert en Asie, en particulier en Thaïlande, où les constructeurs japonais ont massivement investi ces dernières années pour contourner le risque chinois. Après le chaos politique de ces derniers mois, «la situation revient cependant progressivement à la normale», a estimé M. Sasaki, évoquant par ailleurs ses «espoirs en Inde» avec l'avènement d'un nouveau Premier ministre.

Quant à la Russie, où le marché affiche des perspectives bien moroses, le groupe sera attentif dans les mois à venir à l'impact des nouvelles sanctions décidées mardi par le Japon, a souligné le dirigeant.

Au final, l'exercice qui s'achèvera fin mars 2015 devrait marquer une pause pour Toyota qui a réitéré ses timides prévisions financières, alors que ses compatriotes Nissan, Honda ou Mitsubishi Motors se montrent un peu plus optimistes.

Il prévoit ainsi un bénéfice net en recul de 2,4% sur un an à 1780 milliards de yens (19 milliards de dollars CAN au taux de change prévu par Toyota), et un résultat d'exploitation quasi stable (+0,3% à 2300 milliards de yens).

Il n'anticipe en outre qu'une très légère progression (+1,2%) de ses volumes de ventes pour un chiffre d'affaires constant, à 25 700 milliards de yens (274 milliards CAN).

Mais le fabricant de la citadine Yaris et de la gamme hybride Prius assure privilégier la qualité à la quantité, échaudé par la série noire de rappels qu'il avait connue fin 2009-début 2010, notamment aux États-Unis, pour cause de pédales d'accélération ou de freins défectueux.

«Pour les grandes firmes, l'arrogance est la pire des erreurs», avait lancé son PDG Akio Toyoda lors de la présentation des derniers résultats annuels en mai.

Les responsables de Toyota prétendent ne pas se focaliser sur la première place mondiale conquise en 2008, après plus de 70 ans de suprématie de l'américain General Motors. Ce rang fut temporairement perdu en 2011 à cause du séisme et du tsunami dans le Nord-Est, mais le groupe l'avait vite reconquis.