Les banques américaines JPMorgan Chase (JPM) et Goldman Sachs (GS) ont redonné le sourire à Wall Street mardi, en dégageant de solides bénéfices trimestriels qui ont apaisé les craintes sur le courtage, leur vache à lait ces dernières années.

Dans la droite ligne de Citigroup la veille, les deux plus prestigieux établissements de la finance américaine ont déjoué les pronostics.

D'avril à juin, JPMorgan a enregistré un résultat net de 5,98 milliards de dollars, soit un bénéfice par action hors éléments exceptionnels de 1,46 dollar, 17 cents de mieux qu'attendu. Le chiffre d'affaires, ressorti à 25,34 milliards de dollars, est aussi meilleur que les 23,76 milliards anticipés.

De façon symbolique, JPMorgan récupère au passage son titre d'établissement financier américain le plus rentable cédé à Wells Fargo l'an dernier.

De son côté, Goldman Sachs a enregistré un bénéfice net de 1,95 milliard de dollars, soit un bénéfice par action de 4,10 dollars, pour un chiffre d'affaires de 9,13 milliards de dollars. Ces résultats sont supérieurs aux prévisions moyennes des analystes (3,05 dollars et 7,97 milliards).

À Wall Street, l'action JPMorgan grimpait de 3,80% à 58,43 dollars, tandis que le titre Goldman Sachs prenait 0,78% à 168,45 dollars.

Au-delà de leurs gros bénéfices, c'est la performance de l'activité de «revenus fixes» (courtage des obligations, des changes et des matières premières), qui a retenu l'attention.

Moteurs de la rentabilité des banques d'affaires américaines depuis la crise, ces produits financiers offrant des rendements parmi les meilleurs font désormais l'objet d'une réglementation plus stricte et d'une politique moins accommodante de la banque centrale américaine (Fed).

Leur performance dépend étroitement de la volatilité des échanges, mesurée par l'indice VIX, dit «indice de la peur». Ce dernier est tombé le 3 juillet à son plus bas depuis le 22 février 2007, à 10,32, signe que l'activité souffre.

Après un plongeon de 21% au premier trimestre, les recettes de cette division n'ont reculé que de 15% à 3,5 milliards de dollars chez JPMorgan, qui prévoyait une chute de 20%.

Le recul a été de 10% chez Goldman Sachs à 2,22 milliards de dollars, après -11% au premier trimestre.

Les analystes prévoyaient un repli en moyenne de 20% à 25% pour l'ensemble des banques américaines.

«Nous avons vu des signes encourageants (...) à la fin du trimestre», a expliqué le PDG de JPMorgan Jamie Dimon, ajoutant néanmoins que cette dynamique ne s'était pas poursuivie en juillet. Dix jours après avoir annoncé être atteint d'un cancer de la gorge, M. Dimon a aussi cherché à rassurer sur son état de santé, en affirmant qu'il allait continuer à diriger la banque au quotidien.

Baisse des coûts salariaux 

Dans le contexte actuel de recrudescence des fusions-acquisitions et des introductions en Bourse, JPMorgan et Goldman Sachs se targuent d'avoir accompagné les plus grosses opérations.

Leurs revenus dans le conseil financier ont ainsi progressé de 31% pour JPMorgan et de 4% pour Goldman Sachs.

Confrontées à un environnement «mitigé», les deux banques américaines ont confirmé leur volonté de faire des économies.

Les dépenses de JPMorgan ont diminué de 2,7% sur un an. La banque a réduit ses effectifs, qui sont passés de 246 994 fin mars à 245 192 fin juin (-1802 employés de moins). Sur un an, elle s'est séparée de 8.871 salariés.

De son côté, Goldman Sachs a réduit ses effectifs de 200 personnes à 32 400 comparé au premier trimestre.

Les grandes banques américaines sont en train de se serrer la ceinture pour s'adapter aux mesures les plus dures de la réforme financière qui leur impose de détenir des niveaux de liquidités importants afin d'être à même de faire face à une éventuelle crise.

Outre des baisses d'effectifs, JPMorgan et Goldman Sachs veulent aussi réduire les rémunérations de leurs banquiers dans les prochains mois.

Sur le front des litiges, JPMorgan et Goldman Sachs, qui sont citées dans les enquêtes internationales sur les manipulations supposées des marchés de changes et de taux Libor, ont augmenté les réserves mises de côté pour payer d'éventuelles amendes infligées par les autorités.

Goldman Sachs a grossi son enveloppe à 284 millions et JPMorgan à 669 millions de dollars.