Le fabricant américain de dentifrice et de produits d'hygiène Colgate-Palmolive a vu son bénéfice net chuter de 16 % à 388 millions de dollars au premier trimestre, où il a notamment souffert de la dévaluation du bolivar vénézuélien.

Le groupe a enregistré une charge exceptionnelle après impôts de 174 millions de dollars liée à la réévaluation de ses comptes au Venezuela «en conséquence des modifications du système de change par le gouvernement», selon un communiqué publié jeudi.

Le pays a approfondi fin janvier son système de double taux de change, dans lequel les secteurs «prioritaires» disposent de dollars à un taux préférentiel et les autres se fournissent à un taux plus élevé. La mesure a été qualifiée de dévaluation déguisée.

Colgate-Palmolive avait prévenu dès février qu'il allait souffrir de la politique de change au Venezuela, et son bénéfice par action trimestriel hors éléments exceptionnels, la référence pour Wall Street, a atteint exactement la prévision moyenne des analystes, à 68 cents.

De manière générale, le groupe a été confronté à des effets de changes défavorables sur plusieurs marchés émergents, tout comme plusieurs de ses concurrents.

Cela s'est ressenti par exemple dans les comptes de Procter & Gamble, le propriétaire américain des couches-culottes Pampers et des nettoyants ménagers Mr Propre, ou dans ceux d'Unilever, le fabricant anglo-néerlandais des gels douche Dove et des déodorants Axe et Rexona.

Chez Colgate-Palmolive, le chiffre d'affaires a finalement stagné au premier trimestre à 4,3 milliards de dollars (+0,2 % sur un an). C'est conforme aux attentes du marché.

Le groupe estime que des changes défavorables ont réduit son chiffre d'affaires de 6,5 % ce trimestre, et même de 16 % en Amérique latine.

Sur ce dernier continent, les ventes exprimées en dollars ressortent en baisse de 5 % sur un an. La seule autre division géographique à enregistrer un déclin (-0,5 %) est la zone Afrique/Eurasie (qui comprend la Russie et la Turquie).

Le chiffre d'affaires progresse en revanche de 2,5 % en Amérique du Nord et en Asie, et de 2 % dans la zone Europe/Pacifique Sud.

Les effets de change défavorables se sont ressentis aussi sur les coûts de matières premières et d'emballage de Colgate-Palmolive, dont l'appréciation a annulé l'effet d'augmentations de prix et d'efforts d'économie, a-t-il regretté.

Le PDG Ian Cook, cité dans le communiqué, s'est malgré tout félicité d'une «solide croissance organique des ventes» à travers toutes ses activités (+6,5 %) mais surtout sur les marchés émergents (+10 %).

Il a aussi évoqué une augmentation des dépenses publicitaires au premier trimestre et prévoit encore «des niveaux plus élevés d'investissements publicitaires cette année pour soutenir une longue liste de nouveaux produits dans le monde».

Le groupe a dans son portefeuille les nettoyants ménagers Ajax, les déodorants Stick ou les aliments pour chien et chat Hill's (Ideal Balance, Science Diet).

Mais il revendique surtout des parts de marché mondiales de 44,3 % dans les dentifrices et de 33,1 % dans les brosses à dents manuelles, selon M. Cook. Il se félicite aussi de «bons progrès dans les bains de bouche» où il atteint un niveau «record» de 17,3 %.

Pour l'ensemble de l'année 2014, Colgate-Palmolive promet «une forte croissance organique des ventes et une expansion des marges brutes», que certains analystes jugeaient justement un peu décevantes au premier trimestre. Le groupe vise un bénéfice par action annuel en hausse de 4 % à 5 %.