AstraZeneca, qui montre des signes de redressement malgré une nouvelle chute de son bénéfice, a gardé le silence jeudi sur les rumeurs d'intérêt de Pfizer mais s'est dit ouvert à des accords du type GSK-Novartis.

Alors que le secteur pharmaceutique est pris dans une fièvre de fusions-acquisitions et qu'AstraZeneca s'est envolé en Bourse mardi à la suite d'informations de presse sur l'intérêt supposé du géant américain Pfizer, le laboratoire britannique a douché les attentes.

«Nous avons pour politique de ne pas commenter les spéculations et cela ne changera pas», a martelé le directeur général du groupe, le Français Pascal Soriot, lors d'une conférence téléphonique.

Selon le Sunday Times, Pfizer aurait approché AstraZeneca de façon informelle avec un projet d'offre valorisant le Britannique à plus de 60 milliards de livres (environ 73 milliards d'euros). Des avances qu'AstraZeneca aurait repoussées.

Mais Pascal Soriot, ancien haut dirigeant de Roche nommé en 2012 pour redresser AstraZeneca, n'a toutefois pas manqué d'afficher sa perplexité face aux «grandes fusions-acquisitions» qui «peuvent parfois fonctionner mais sont souvent très perturbantes» pour les entreprises.

Sa préférence va donc à des accords comme celui annoncé mardi par le Britannique GSK et le Suisse Novartis. Le premier a vendu sa division oncologie au second et lui a racheté ses vaccins. Les deux groupes se sont en outre alliés dans la santé grand public.

«Un certain nombre de nos concurrents au sein du secteur regardent ce qu'ils font le mieux, ce sur quoi ils doivent se concentrer et ce qui est secondaire pour eux. L'accord entre Novartis et GSK en est un bon exemple (...) et c'est le genre de choses que nous envisageons de faire nous-mêmes», a indiqué M. Soriot.

«Notre stratégie est de nous concentrer sur trois domaines thérapeutiques centraux: l'oncologie, le respiratoire-inflammation et le cardiovasculaire-diabète et nous avons dit que nous allions rechercher des options alternatives pour les antibiotiques et la recherche en neurosciences», a poursuivi le patron d'AstraZeneca.

«C'est ce que nous faisons actuellement, nous cherchons des partenariats potentiels, des collaborations, des alliances», a-t-il révélé.

À la Bourse de Londres, l'action AstraZeneca continuait à grimper dans ce contexte de fièvre du secteur pharmaceutique. Vers 5 h 30, elle grimpait de 5,31% à 4.257 pence, dans un marché en hausse de 0,72%.

Croissance retrouvée mais chute du bénéfice net 

Engagé dans un profond plan de restructuration, AstraZeneca a montré de clairs signes de redressement au premier trimestre. «Nous avons fait de grands progrès (...). Nous avons enregistré notre premier trimestre de croissance après quatorze trimestres consécutifs sans croissance», s'est félicité M. Soriot.

Le laboratoire a en effet stoppé l'hémorragie de ses ventes, qui ont très légèrement progressé, de 0,5% (+3% à taux de changes constants), à 6,416 milliards de dollars.

Il a bénéficié sur la période de la bonne performance des cinq piliers de son plan stratégique (diabète non insulinodépendant, médicament pour le coeur Brilinta, maladies respiratoires, marchés émergents et Japon), dont les ventes ont augmenté globalement de 15% à 3,3 milliards de dollars.

Mais la cure de redressement, qui va se solder par environ 5000 suppressions d'emplois, est encore loin d'être achevée, le bénéfice net ayant été divisé par deux sur la période à 504 millions de dollars contre 1,011 milliard un an plus tôt.

Sur l'ensemble de l'année, AstraZeneca table toujours sur un repli pouvant aller jusqu'à 5% de ses revenus à taux de change constants et sur une baisse d'une dizaine de points de pourcentage de son bénéfice par action.

À la recherche de molécules potentiellement lucratives pour compenser la perte des brevets de médicaments vedette comme le neuroleptique Seroquel IR, l'anti-hypertenseur Atacand ou l'anticholestérol Crestor (au Canada), AstraZeneca a déjà multiplié ces derniers mois les accords de partenariat et les acquisitions.

Dernier en date; le groupe a annoncé en décembre le rachat pour 4,1 milliards de dollars maximum de la part de son partenaire Bristol-Myers Squibb (BMS) dans leur alliance sur le diabète.