General Motors (GM) a connu son pire trimestre depuis son retour en Bourse il y a un peu plus de trois ans, payant au plus fort les rappels tardifs de véhicules associés à 13 morts qui le secouent depuis février.

Le bénéfice net sur les trois premiers mois de l'année a plongé de 85,5% à 125 millions de dollars comparé à un an auparavant.

Ce qui s'est traduit par un résultat hors éléments exceptionnels par action, référence des investisseurs américains, à 6 cents, supérieur de 2 cents à la prévision moyenne des analystes.

Le constructeur automobile a inscrit une charge de 1,3 milliard de dollars dans ses livres de comptes, un montant colossal destiné aux réparations de 7 millions de véhicules rappelés depuis le début de l'année pour différents défauts mécaniques.

Il a aussi provisionné 400 millions de dollars, dus à la dévaluation du bolivar vénézuélien et à sa restructuration en Europe où il a décidé de retirer la Chevrolet.

Entre mi-février et fin mars, GM a notamment rappelé 2,6 millions Chevrolet Cobalt, Pontiac 5, Saturn Ion et Sky et Solstice produites entre 2003 et 2011, pour un défaut du commutateur d'allumage ayant empêché les airbags de se déployer.

Ce problème a été lié à une trentaine d'accidents qui ont provoqué la mort de 13 personnes, ce qui lui vaut d'être au centre d'une triple enquête (du département de la Justice, de l'agence américaine de sécurité routière NHTSA et du Congrès). GM a annoncé jeudi que l'autorité des marchés financiers, la SEC, avait aussi ouvert une enquête.

Ces investigations pourraient avoir un «impact matériel négatif» sur les comptes et déboucher sur des amendes ou des dédommagements importants, avertit GM dans un document boursier.

Ventes épargnées 

«Les résultats sont éclipsés par les charges concernant les rappels», a reconnu Mary Barra, la nouvelle directrice générale qui a pris ses fonctions fin janvier, pendant la période sous revue.

Cette crise, la plus grave depuis la sortie de faillite de GM en juillet 2009 grâce à l'argent public (États-Unis, Canada et Allemagne), pourrait lui coûter très cher en termes d'image. GM fait notamment face à des plaintes en nom collectif déposées dans différents états aux États-Unis (Californie, Illinois, Michigan...)

Il a réussi pour le moment à éviter des répercussions de cette affaire sur ses ventes, qui ont progressé de 2% sur un an, à 2,4 millions d'unités.

Le chiffre d'affaires trimestriel s'élève à 37,4 milliards, en hausse de 1,3% sur un an. Il est toutefois en dessous des attentes (38,43 milliards de dollars).

À la Bourse de New York, l'action GM reculait de 1,03% à 34,03 dollars vers 14 h 45.

Mme Barra a promis transparence et s'est engagée à transformer GM, pour en faire un constructeur préoccupé principalement par la sécurité de ses clients et non plus par les coûts.

«Le pire moment des rappels est passé», estime la banque Morgan Stanley, jugeant les résultats «robustes». D'autant plus que GM a réussi à résister à la concurrence agressive du rival Ford, qui a cassé les prix dans le segment très rentable des pick-up et multiplié les ristournes.

En Amérique du Nord, le bénéfice s'élève à 557 millions, contre 1,4 milliard un an plus tôt. Il a souffert de la lourde facture liée aux rappels.

GM Europe a enregistré une perte de 284 millions de dollars contre 152 millions un an plus tôt. Mais les comptes européens ont été affectés par des coûts de restructuration estimés à 200 millions de dollars.

Les activités en Asie (GM International) ont vu leurs bénéfices décliner à 472 millions de dollars, contre 252 millions un an plus tôt. Mais la Chine, où GM investit énormément, a vu son résultat grimper à 650 millions de dollars contre 550 millions en 2013.

«Il y a des choses très positives: la Chine, le redressement sans doute plus tôt que prévu de l'Europe», résume la banque Barclays.