Le premier gestionnaire d'actifs dans le monde, l'américain BlackRock (BLK), a largement dépassé les attentes de Wall Street au premier trimestre, avec des profits en forte hausse et l'arrivée massive de nouveaux capitaux à la recherche de rendements.

BlackRock a dégagé sur ces trois mois un bénéfice net de 756 millions de dollars, en hausse de 20% sur un an, selon un communiqué publié par l'entreprise.

Le bénéfice par action ajusté, qui fait référence aux États-Unis, s'est établi à 4,43 dollars, là où le marché tablait sur 4,14 dollars.

Après un très bon quatrième trimestre 2013 qui lui avait permis d'attirer 40,5 milliards de dollars de nouveaux fonds à faire fructifier, Blackrock a encore enregistré un flux net de liquidités de 26,7 milliards de dollars au premier trimestre 2014.

Et sa performance aurait pu être meilleure encore s'il n'avait pas perdu d'un coup 6 milliards de dollars d'actifs après l'acquisition d'un client par l'un de ses concurrents, a souligné le directeur financier Gary Shedlin lors d'une téléconférence.

BlackRock est désormais à la tête de 4.401 milliards d'actifs, soit 12% de plus qu'il y a un an.

Le groupe a souligné que les capitaux ainsi captés venaient de tous les horizons, de tous les pays et se portaient sur tous les placements qu'il propose.

Les fonds nouveaux de BlackRock sur le trimestre écoulé venaient ainsi des Amériques (7,5 milliards), d'Europe et du Moyen-Orient (6,0 milliards) et d'Asie-Pacifique (13,2 milliards), a-t-il expliqué.

«Notre priorité donnée à des stratégies de long terme continue de trouver un écho», s'est félicité le PDG et fondateur Laurence Fink qui a récemment admonesté les grandes sociétés européennes et américaines pour privilégier le court terme en augmentant dividendes et rachats d'actions.

M. Fink, qui avait aussi relevé le niveau «intenable» de l'euro, a souligné que le marché obligataire «vivait des changements significatifs qui conduisent les clients particuliers et institutionnels à réexaminer leurs stratégies» d'investissement.

Il estime que son groupe est bien placé pour profiter de cette évolution.

Ce marché «représente une chance significative pour BlackRock», a-t-il relevé, en notant que son groupe y était jusqu'à ces dernières années assez peu présent. Mais les choses changent, avec des produits offrant des rendements parmi les meilleurs du secteur, a-t-il fait valoir.

M. Fink n'a pas voulu commenter les difficultés d'un des grands noms du secteur, Pimco (groupe Allianz), après le départ du coprésident Mohamed El-Erian. «C'est une fabuleuse firme d'investissement et (son fondateur) Bill Gross est un ami depuis des années», a-t-il simplement remarqué.

Dialogue et technologie

Sur le marché américain des actions, où la rentabilité n'a pas été dans le passé «à la hauteur des attentes des clients», BlackRock s'est dit «encouragé» par les progrès réalisés sous l'égide d'une nouvelle équipe.

Pour M. Fink, le succès de BlackRock est bâti sur son sens du dialogue avec ses clients, combiné avec sa capacité à intégrer de nouvelles technologies dans ses métiers.

À la différence des sociétés d'investissement, BlackRock n'investit pas ses propres capitaux dans les affaires qu'il gère.

Il lui faut donc serrer ses coûts pour offrir des rendements intéressants à ses clients. Sur le trimestre, ses coûts n'ont augmenté que de 5% alors que son chiffre d'affaires progressait de 9% (à 2,7 milliards de dollars). Les seuls coûts administratifs ont même baissé de 18 millions de dollars sur le trimestre.

Le groupe a ainsi pu porter son résultat opérationnel à 1,05 milliard de dollars, en améliorant du même coup sa marge de 2,3 points sur un an.

M. Fink a évoqué le dossier de la régulation du secteur financier, en soulignant que c'était le niveau d'endettement et non pas la taille des acteurs qui devait être la préoccupation première des régulateurs.

Comme à son habitude, BlackRock n'a pas avancé de prévisions pour l'exercice en cours, mais M. Shedlin a dit «continuer à penser que (l'entreprise) est bien positionnée pour le reste de l'année».

Sur les marchés actions, la volatilité des derniers mois devrait durer jusqu'à la fin de l'année, a pronostiqué M. Fink.

Après une ouverture en territoire positif, le titre BlackRock est rapidement passé «dans le rouge» à Wall Street et s'échangeait en retrait de 1,10%, à 306,75 dollars, après un quart d'heure de transactions.