L'essor de SAP (SAP) dans l'infonuagique a continué de s'accélérer au premier trimestre, confortant le géant allemand des logiciels professionnels dans ses prévisions de croissance 2014, malgré des performances freinées par l'euro fort en début d'année.

Sur les trois premiers mois de l'année, SAP a amélioré de 3% à la fois son bénéfice net trimestriel à 534 millions d'euros (813 millions de dollars CAN) et son chiffre d'affaires à 3,7 milliards d'euros (5,6 milliards CAN).

«Nous maintenons fermement notre prévision pour 2014. Nous sommes sûrs que notre élan va se poursuivre chaque trimestre de l'année», a assuré, lors d'une conférence téléphonique le patron Bill McDermott, qui codirige encore pour quelques semaines SAP avec Jim Hagemann Snabe, avant de prendre seul les rênes.

Le groupe, qui conserve l'habitude de publier ses résultats financiers en deux normes comptables, a ainsi réitéré son ambition de faire progresser son bénéfice opérationnel jusqu'à un niveau compris entre 5,8 milliards et 6 milliards d'euros, en non-IFRS.

Cela marquerait un net ralentissement par rapport à l'année précédente. Mais SAP a déjà prévenu que son essor dans le nuage (gestion de données via internet), qui remplace progressivement les logiciels classiques installés sur ordinateurs, et les investissements qui y sont associés, vont d'abord peser sur ses performances opérationnelles, avant de constituer un nouveau moteur pour le groupe.

Sur le seul premier trimestre, la marge du groupe est d'ailleurs restée stable à 24,8%, pour un bénéfice opérationnel en progression de 2% à 919 millions d'euros (en non-IFRS).

Le groupe a aussi continué de souffrir nettement de taux de change défavorables, avec le renchérissement de l'euro, puisqu'à changes constants la croissance de ce bénéfice aurait été de 7%. En normes IFRS, le bénéfice opérationnel ressort en hausse de 12% à 723 millions d'euros.

Ce premier bilan financier trimestriel à être publié par une grande entreprise allemande ne semblait pas réjouir les investisseurs, au regard de la baisse de 1,99% à 57,27 euros de l'action SAP à la Bourse de Francfort à 13H00 GMT.

Pourtant Harald Schnitzer, analyste chez DZ Bank, juge les chiffres dévoilés «solides, malgré les effets de change négatifs». D'ailleurs, SAP indique que si les taux de change restent au niveau actuel, cela lui coûtera de 6 à 8 points de croissance pour son activité de logiciels et services pour le seul deuxième trimestre et de 4% à 5% pour l'ensemble de l'année.

«Le premier trimestre est traditionnellement le trimestre le moins important pour SAP», relativise également l'analyste.

Pour les analystes de Barclays, ceux qui parient sur une baisse du titre du groupe «pourraient gagner la bataille aujourd'hui, mais pas la guerre». Eux préfèrent voir «le verre à moitié plein», à savoir le fait que «la transition vers le nuage est maintenant en route», tandis que ceux qui optent pour «le verre à moitié vide» auront plutôt tendance à se concentrer sur le recul des ventes de logiciels classiques et le ralentissement des revenus tirés de la maintenance.

Même s'il constitue encore une très maigre part de son activité totale, le «cloud» gagne en importance avec des taux de croissance très forts. Les revenus tirés des abonnements et de l'assistance dans cette informatique dématérialisée ont ainsi bondi de 60% (+32% en normes non-IFRS) à plus de 200 millions d'euros.

Pour l'ensemble de l'année, le groupe table toujours sur des revenus tirés du nuage grimpant à un niveau compris entre 950 millions et un milliard d'euros, contre 757 millions d'euros en 2013.

«Nous sommes sur la bonne voie pour devenir LA société d'infonuagique», ont insisté Bill McDermott et Jim Hagemann Snabe, alors que tous les acteurs de l'informatique cherchent à prendre position dans ce secteur.

Bill McDermott a ajouté que le groupe était «très bien placé pour atteindre son objectif 2017», celui d'une marge opérationnelle de 35%.