Le géant suisse des matières premières Glencore Xstrata a fait état d'une solide performance de ses activités de négoce en 2013 malgré les fortes pressions sur les cours des matières premières, mais a néanmoins plongé dans le rouge en raison de vastes dépréciations d'actifs.

Pour ses premiers résultats annuels depuis la fusion en mai dernier de Glencore International, le spécialiste du négoce des matières premières, avec la société minière Xstrata, la nouvelle entité a présenté ses comptes en deux temps.

Dans ses comptes publiés, le groupe a accusé une perte de 7,4 milliards de dollars, contre un bénéfice de 1 milliard de dollars l'année précédente.

Ce plongeon est lié aux dépréciations d'actifs colossales annoncées au premier semestre suite à l'opération avec Xstrata mais également sur sa mine de Murrin Murrin, plombée par la baisse des prix du nickel. S'y sont ajoutés au second semestre une charge de 137 millions sur sa mine de cuivre de Cobar ainsi que des dépréciations supplémentaires sur UC Rusal, un producteur d'aluminium.

Dans ses comptes pro forma, destinés à refléter sa performance avec l'intégration d'Xstrata ainsi que du céréalier canadien Viterra, le bénéfice attribuable aux actionnaires «avant éléments significatifs» s'est cependant établi à 4,5 milliards, chutant néanmoins de 23% sur un an.

Ses recettes se sont quant à elles établies à 239 milliards, soit une progression de 1%.

Sur cette base, les analystes ont jugé sa performance «solide».

«Glencore a publié un résultat 2013 exceptionnellement fort», ont jugé les analystes de Citigroup dans une note.

La division de négoce du groupe basé à Baar, dans le canton suisse de Zoug, a vu son résultat brut d'exploitation ajusté en pro forma progresser de 17% à 2,5 milliards de dollars, notamment grâce à un redressement dans les métaux, en particulier dans le cuivre.

Ses activités industrielles, qui englobent sa production minière, ont vu leur résultat se contracter de 4% à 10,7 milliards face à la baisse des cours des matières premières.

Le groupe est cependant parvenu à minimiser l'impact grâce à l'augmentation de la production, notamment dans le cuivre en Afrique, ainsi que la baisse des devises dans les pays producteurs et les mesures de réduction des coûts, a-t-il précisé.

Avec sa fusion, le groupe a taillé dans ses coûts, réduisant les doublons au niveau administratif et opérant des coupes drastiques dans les projets hérités du groupe Xstrata.

Ivan Glasenberg, le directeur général, a d'ailleurs relevé les objectifs de synergies annuels, évoquant désormais des économies de 2,4 milliards de dollars, contre 2 milliards auparavant.

Le groupe, qui a vu sa dette plus que doubler sur un an, à 35,8 milliards de dollars, a par ailleurs indiqué que les dépenses d'investissements étaient désormais orientées à la baisse.

Pour 2014, Ivan Glasenberg a dit s'attendre à une demande saine pour les matières premières clés du groupe.

Sur cette base, le conseil d'administration va proposer un dividende final de 11,1 cents par action, ce qui porte le coupon à 16,5 cents pour l'ensemble de l'année, soit une augmentation de 4,8% par rapport à l'année précédente.

Si les analystes ont unanimement salué la performance pro forma du groupe, leur verdict final n'en reste pas moins très contrasté.

Les analystes de Barclays ont souligné que ces chiffres montraient à quel point «les choses avaient changé» dans ce secteur, comme en témoignent les bons résultats publiés récemment par les autres grands acteurs miniers, tels que Rio Tinto, qui a renoué avec les bénéfices en 2013, ou BHP Biliton, qui a vu ses profits s'envoler au premier semestre.

Le secteur, après une décennie de forte expansion qui avait donné lieu à une course effrénée aux investissements, avait été durement touché par le retournement des cours des matières premières.

«Les inquiétudes sur la vente de Las Bambas persistent», ont en revanche souligné les analystes de Liberum, rappelant que deux mois se sont écoulés depuis l'objectif que s'était fixé le groupe.

La cession de cette mine de cuivre était une des conditions qu'avaient posées les autorités chinoises pour donner leur feu vert à la fusion, lui laissant jusqu'au 30 septembre 2014 pour trouver un repreneur. L'an passé, le groupe avait cependant dit espérer trouver un acquéreur d'ici la fin de l'année.

Rebecca O'Keeffe, directrice des investissements chez Interactive Investor, a quant à elle souligné l'exposition du groupe en Russie, notamment à travers Rusal, ainsi que sur les céréales en Ukraine.

Lors d'une conférence téléphonique, Ivan Glasenberg a insisté sur le fait que les opérations du groupe étaient limitées en Ukraine, mais plus significative en Russie, un exportateur important de matières premières.

«Je ne sais pas encore quelles répercussions cela va avoir», a-t-il déclaré aux journalistes.

«Nous suivons cela au jour le jour», a-t-il ajouté.

Vers 8h40, le titre gagne 1,72% à 331,85 pence alors que le FTSE progresse de 1,39%.