Pour la troisième fois en un peu plus d'une semaine, un client de Bombardier Transport a annoncé hier qu'il refusait des trains en raison d'un problème de qualité.

Après les Chemins de fer fédéraux suisses (CFF), mardi de la semaine dernière, et le métro de New York, deux jours plus tard, c'était au tour hier de la Société nationale des chemins de fer (SNCF), en France, de contester la qualité des produits livrés par Bombardier, en évoquant une « situation de non-qualité [...] inacceptable ».

« On a un problème avec Bombardier », qui fournit les nouveaux trains Regio 2N, a sobrement résumé le patron de SNCF Transilien, Alain Krakovitch, confirmant une information du journal Le Parisien.

« Il était prévu qu'on ait, pour début 2019, 42 nouvelles rames [...], on en a reçu 32, sauf que les dernières rames qu'on a reçues n'ont pas un niveau de qualité satisfaisant du tout », a-t-il expliqué à des journalistes.

Il a cité « des non-qualités industrielles, comme des vis mal serrées, des câblages déficients [...]. Dès la première utilisation, la rame a une panne. C'est évidemment insupportable ! »

Dans une réponse acheminée à La Presse par courriel, Bombardier fait de son côté valoir que « la mise en service d'un nouveau train sur une ligne et la phase de rodage impliquent généralement une période d'ajustement ».

« Ceci est d'autant plus vrai sur la ligne R qui connaît une exploitation dense et des infrastructures vieillissantes. »

L'entreprise québécoise reconnaît que ses trains, fabriqués dans le nord de la France, ont connu des problèmes, notamment avec les portes, mais ajoute qu'ils ont été corrigés. Elle rejette par ailleurs une partie de la faute sur des équipements - les pantographes et les écrans de conduite - qui ne sont pas de son ressort.

Accumulation

Les problèmes de qualité se sont multipliés récemment chez Bombardier, pour qui il devient de plus en plus difficile de faire valoir des problèmes ponctuels ou localisés.

En effet, les produits à l'origine des trois plaintes les plus récentes proviennent de trois d'usines différentes : ceux destinés aux CFF sont assemblés à Villeneuve, en Suisse, ceux destinés à New York sont assemblés à Plattsburgh et ceux destinés à la SNCF, en France.

L'entreprise a aussi connu des problèmes de qualité l'été dernier avec des tramways destinés à la Ville de Toronto. Au total, 67 des 89 premières voitures livrées dans le cadre de ce contrat devront faire l'objet d'une mise à niveau à l'usine de La Pocatière. Les soudures défectueuses avaient été exécutées au Mexique. Les voitures de cette commande sont assemblées dans deux usines ontariennes, à Thunder Bay et à Kingston.

500 projets

Par courriel, le porte-parole de Bombardier Transport Eric Prud'Homme a rappelé que l'entreprise était actuellement impliquée dans « plus de 500 projets dans le monde ».

« Bien que nous réalisions la grande majorité de ces projets [en respectant] les délais, les budgets et les critères de qualité, fait-il valoir, il existe quelques cas où nous réalisons des projets très complexes faisant appel à des technologies de nouvelle génération ou à des conceptions uniques. Quelques projets nous posent actuellement des défis et nous avons fait le point sur leurs progrès en toute transparence.

« [Résoudre ces enjeux] est la plus haute priorité de notre équipe de direction. Nos ingénieurs travaillent d'arrache-pied avec nos clients et nos fournisseurs pour [s']assurer de résoudre rapidement les enjeux en suspens.

« Notre enjeu récent à New York est un bon exemple, car il a été résolu en quelques jours grâce au travail de nos employés. »

La Société de transport de New York (NYCTA) a annoncé mercredi la reprise des livraisons de voitures de métro de Bombardier qu'elle avait suspendues vendredi dernier.

- Avec l'Agence France-Presse