Bombardier a officiellement livré hier le tout premier exemplaire de son très luxueux avion d'affaires Global 7500, sur lequel repose une part importante de son plan de redressement au cours des prochaines années.

Vendu plus de 70 millions US (95 millions CAN) au prix de catalogue, le Global 7500 se démarque de tous les autres avions d'affaires par sa taille et sa distance franchissable.

À 7700 milles nautiques (14 200 kilomètres), il devance son principal rival, le G650ER de Gulfstream, de 200 milles nautiques, tout en ayant une cabine plus longue d'environ 3 mètres, ce qui permet l'aménagement d'une chambre à coucher distincte.

« La plupart des clients jusqu'à présent ont choisi l'option avec chambre à coucher », précise Mark Masluch, porte-parole de Bombardier Avions d'affaires.

Le Global 7500 exige aussi une piste moins longue que ses rivaux pour atterrir et décoller, autre avantage important dans ce créneau.

« Les clients veulent pouvoir utiliser les mêmes aéroports qu'avec des avions plus petits comme un Challenger ou un Learjet, être plus près de leur destination finale et éviter les gros aéroports internationaux », explique Mathieu Noël, directeur de la stratégie produit, du design industriel et de l'ingénierie pour les ventes chez Bombardier.

Porteur de croissance

Le Global 7500 « va mener la croissance des ventes de Bombardier pendant des années », a confié hier M. Masluch.

Dans une récente présentation aux investisseurs, la haute direction de Bombardier a en effet estimé que les ventes de sa division Avions d'affaires, qui devraient atteindre environ 5 milliards US en 2018, devraient passer à 6,25 milliards en 2019, puis à 8,5 milliards en 2020, essentiellement avec ce nouvel appareil.

Bombardier n'en aura livré qu'un seul en 2018, mais s'attend à en terminer de 15 à 20 en 2019, puis de 35 à 40 en 2020. La progression est ambitieuse, reconnaît M. Masluch, mais réaliste.

« La construction des véhicules d'essai nous a fait voir que les technologies que nous avions mises en place sur la chaîne de montage permettent de construire rapidement. »

L'entreprise avait aussi déjà fait savoir à ses investisseurs que tous les Global 7500 qu'elle doit livrer en 2019 étaient déjà dans son cycle de production.

Pour l'analyste Benoit Poirier, de Desjardins, le Global 7500 se lance dans un marché « porteur » dans lequel il devrait tirer son épingle du jeu.

« C'est un avion qui a des avantages compétitifs intéressants. »

« Le nombre d'individus très riches augmente de 10 %, alors que le produit intérieur brut en général augmente de 3 %, a de son côté fait valoir le président de la division des avions d'affaires, David Coleal. Nous entrons donc dans un créneau où il fait bon être, qui est assez résistant économiquement. »

En s'inscrivant tout en haut de l'échelle de luxe des avions d'affaires, Bombardier se donne aussi la possibilité d'améliorer sa marge de profit, a indiqué le président et chef de la direction, Alain Bellemare.

« Quand tu montes dans le haut des lignes de produits, les marges s'améliorent. Les coûts sont plus élevés, mais les marges sont meilleures. Le secteur le plus profitable dans les avions d'affaires, c'est celui des avions à large cabine et à ultra longue portée, et [le Global 7500], c'est exactement ça », explique-t-il.

Bonnes ventes

Un client désireux de se procurer un exemplaire de ce nouveau palais volant devrait patienter jusqu'en 2022, le carnet de commandes jusque-là étant déjà plein. La première livraison effectuée hier pourrait encore accélérer les ventes, selon M. Coleal.

« La certification était une étape importante parce que les clients voyaient que l'avion était vrai, mais la première livraison ouvre vraiment les vannes. »

Selon M. Noël, la plupart des premiers acheteurs du Global 7500 sont des individus. L'appareil est aussi destiné aux grandes entreprises et aux locateurs. C'est d'ailleurs un locateur qui a pris possession du premier exemplaire hier, pour immédiatement le relouer... à Bombardier. Celui-ci s'en servira à des fins de démonstration pendant quelques mois, le temps de construire son propre appareil de démonstration.

Avec sa très grande portée, le Global 7500 pourrait intéresser des clients qui, jusque-là, préféraient étonnamment la première classe des grands avions commerciaux, qui pouvaient leur éviter une escale, selon M. Masluch.

Le marché des avions d'affaires se concentre de plus en plus sur les gros modèles, note-t-il.

« De plus en plus, on constate que les gens attendent de pouvoir acheter un gros modèle, plutôt que de monter progressivement dans la gamme. Avant, ils louent. »