Un tribunal fédéral de Sao Paulo a suspendu jeudi l'accord de partenariat entre les constructeurs américain Boeing et brésilien Embraer, en attendant que le nouveau gouvernement de Jair Bolsonaro entre en fonction en 2019.

La justice brésilienne a demandé « la suspension immédiate des tractations entre Boeing et Embraer » qui avaient annoncé en juillet la signature d'un protocole d'accord pour créer une coentreprise, en raison de la « proximité de la prise de fonction du nouveau président de la République », au 1er janvier.

Le tribunal a souhaité « éviter que d'éventuelles actions concrètes soient prises durant cette période » de transition, qui pourraient être irréversibles.

L'État brésilien doit donner son feu vert à cet accord entre les avionneurs. Il dispose d'un droit de veto sur les décisions stratégiques d'Embraer dans lequel il a une « golden share ».

Au terme de l'accord passé entre les deux groupes, Boeing doit s'emparer de la totalité des activités civiles d'Embraer pour 3,8 milliards de dollars, une opération qui lui permettra de concurrencer son rival européen Airbus dans le segment des avions régionaux.

Concrètement, Boeing et Embraer ont signé un protocole d'accord pour créer une coentreprise, contrôlée à 80 % par l'américain et à 20 % par le brésilien, chapeautant « la totalité des activités d'Embraer dans les domaines de l'aviation commerciale », valorisées à 4,75 milliards de dollars.

Des voix s'étaient élevées au Brésil pour que les activités militaires d'Embraer soient exclues de cet accord de partenariat stratégique.

Troisième avionneur mondial avec près de 6 milliards de dollars de chiffre d'affaires et 16 000 employés, Embraer, privatisé en 1994, est un des joyaux industriels du Brésil avec non seulement une gamme d'avions civils, militaires, mais encore de jets d'affaires.

L'accord, sous réserve des autorisations requises, doit être conclu d'ici la fin 2019 et a été signé sous le président conservateur Michel Temer, qui quitte le pouvoir à la fin décembre.

Jair Bolsonaro, qui a annoncé son intention de procéder à de nombreuses privatisations pour renflouer les caisses vides de l'État, a longtemps été protectionniste et un défenseur ardent du secteur étatique.

Cet accord, qualifié de « partenariat », doit permettre à Boeing de compléter son offre en intégrant les avions de ligne régionaux de 70 à 150 sièges d'Embraer (ERJ et E2).

Beoing et Embraer avaient annoncé leur alliance quelques jours après l'entrée en vigueur du partenariat entre Airbus et le canadien Bombardier, qui a permis à l'européen de prendre le contrôle du programme Cseries, concurrent de celui d'Embraer.