Sous la loupe de l'Autorité des marchés financiers (AMF) en compagnie d'autres cadres, le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, a voulu tempérer l'incidence de cette enquête, tout en souhaitant qu'elle se termine rapidement, jeudi, à New York, dans le cadre de la journée des investisseurs du constructeur d'avions et de trains.

L'entreprise est plongée dans une autre controverse depuis que le gendarme boursier québécois a décidé de se pencher sur la mise en place du Régime d'aliénation de titres automatique (RATA) mis sur pied en août, un programme permettant à des cadres de vendre des actions ou des options.

À ce moment, le titre se négociait aux alentours de 4,60 $ à la Bourse de Toronto, mais depuis l'action a piqué du nez pour clôturer jeudi à 2,18 $, en baisse de deux cents, ou 0,9 %.

« Des actions ont été vendues dans le cadre de ce plan, a dit M. Bellemare aux investisseurs. Dans mon cas, c'est très peu. Je détiens encore 80 % de mon programme d'incitatifs à long terme. Il en va de même pour mon équipe. »

À son avis, cela démontre l'engagement de l'équipe de direction à l'endroit du plan de redressement et du succès à long terme de Bombardier.

Quant à l'enquête de l'AMF, M. Bellemare a estimé que le gendarme boursier québécois « faisait son travail » et jugé « normal » qu'il y ait un examen en raison de la fluctuation du cours de l'action de la compagnie.

« Nous avons offert notre entière collaboration, a-t-il dit. J'ai suis convaincu que nous avons suivi les règles et nous espérons (que le processus) soit complété rapidement. »

En confirmant son examen du RATA, l'AMF avait indiqué, par voie de communiqué, avoir demandé à Bombardier de suspendre « jusqu'à nouvel ordre toute vente d'actions [...] du RATA et d'en aviser les courtiers exécutants ».

En progression

Par ailleurs, Bombardier prévoit une croissance de 10 % de ses revenus en 2019, grâce à l'entrée en service imminente de son nouveau jet d'affaires Global 7500, du carnet de commandes de sa division ferroviaire et de son offre de service après-vente.

Cette prévision a été dévoilée environ un mois après l'annonce d'une restructuration qui se traduira par l'élimination de 5000 emplois, dont 2500 au Québec, ainsi qu'une chute de 60 % du cours de l'action depuis l'été.

La multinationale anticipe un chiffre d'affaires de 18 milliards US alors que l'entrée en service du Global 7500 - dont tous les avions sont vendus jusqu'en 2021 - devrait lui permettre de livrer entre 150 et 155 appareils d'affaires en 2019, comparativement à environ 135 cette année. Les recettes de cette division devraient atteindre 6,25 milliards et de 15 à 20 Global 7500 devraient être livrés à des clients.

Cette prévision est relativement conforme aux attentes des analystes sondés par Thomson Reuters Eikon, qui anticipent un chiffre d'affaires d'environ 18,1 milliards  US au terme de la prochaine année financière.

« Après trois ans d'exécution de notre plan de redressement, Bombardier est une entreprise beaucoup plus solide », a dit M. Bellemare aux investisseurs.

Le carnet de commandes de Bombardier Transport atteint 34 milliards  US, alors que les revenus en 2019 devraient s'établir à 9,5 milliards  US.

Les recettes tirées des services après-vente devraient afficher une croissance de 500 millions  US pour atteindre 4 milliards  US en raison de la maintenance à effectuer sur plus de 100 000 voitures de trains, au moins 4700 jets d'affaires et 1250 appareils régionaux.

Appel au calme

M. Bellemare cherche à rassurer les investisseurs depuis la divulgation des résultats du troisième trimestre, il y a un mois.

L'entreprise avait alors affiché un trou de 600 millions US dans ses liquidités, car il a fallu embaucher plus de personnel pour accélérer la cadence de production dans la division ferroviaire, ce qui a soulevé des questions sur la capacité de la société à atteindre ses cibles.

Environ 400 millions de cette somme est attribuable à deux contrats à Londres, un à New York, un en Allemagne et un autre en Suisse, qui ont été signée depuis 2010.

« Tous ces projets entrent dans leur phase de livraison, a dit le président de Bombardier Transport, Laurent Troger. Le niveau de prévisibilité va être bien plus élevé au cours de la prochaine année. »

D'autres investisseurs sont aussi préoccupés par la lourde dette de l'entreprise, qui était de 9,5 milliards US en date du 30 septembre, et de la capacité de Bombardier à la refinancer. En excluant les éléments non récurrents, Bombardier s'attend à générer des flux de trésorerie qui devraient osciller entre 250 millions  US et 500 millions  US en 2019.

« La solide marge du bénéfice d'exploitation (de 9 %) chez Bombardier Transport devrait rassurer les investisseurs », a estimé Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, dans une note.

En plus d'avoir procédé à une autre importante restructuration le mois dernier, Bombardier avait vendu des actifs, dont son programme d'avions à hélices Q400, en plus de signaler qu'elle évaluait ses options entourant ses jets régionaux CRJ, assemblés par plus de 1000 employés à Mirabel.

Dans le cadre de la rencontre avec les investisseurs, l'avenir de ces appareils régionaux n'a pas été abordé. La haute direction a dit vouloir s'efforcer à garnir le carnet de commandes.