Le nouveau contrat de 448 millions CAN pour 153 nouvelles voitures Azur destinées au métro de Montréal n'empêchera pas le couperet de tomber à l'usine de Bombardier située à La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent.

D'ici la fin février, c'est environ 100 travailleurs qui devraient être affectés par des mises à pied, ce qui est néanmoins inférieur au chiffre de 250 évoqué en août dernier alors que le carnet de commandes était mince.

Au terme de ce processus, le site de La Pocatière - dont l'avenir était incertain en l'absence de nouveaux contrats - devrait compter environ 500 salariés.

Le contrat octroyé au consortium formé par Bombardier et Alstom, qui comprend un seul minimal de contenu local de 60 %, prévoit la livraison, à compter du printemps 2020, de 17 rames de neuf voitures visant à remplacer les voitures de métro MR-73.

Cela s'ajoute aux 468 voitures Azur, qui achèvent d'être livrées dans le cadre de ce contrat de 1,2 milliard qui avait été décroché par le consortium en 2010.

Environ 170 employés de Bombardier seront affectés à cette nouvelle commande, contre 70 salariés du côté des installations d'Alstom à Sorel-Tracy. La part de l'entreprise québécoise est évaluée à 281 millions CAN et celle du géant français à 167 millions CAN.

« La plupart de nos clients sont des agences publiques », a expliqué le président de la division des Amériques de Bombardier Transport, Benoît Brossoit, au cours d'un entretien téléphonique.

De nombreuses questions sont soulevées à l'égard de l'usine de La Pocatière alors que les seuils élevés en matière de contenu local continuent de grimper aux États-Unis, pendant que le contraire semble survenir au Québec ainsi qu'au Canada.

M. Brossoit a prévenu qu'il ne s'attend pas à revoir un niveau de 60 % de sitôt.

« Il est de plus en plus complexe et difficile de justifier la réalisation de travail au Canada et au Québec lorsque les seuils (minimums de contenu local) jouent contre nous », a-t-il dit.

Dans des appels d'offres pour la construction du Réseau express métropolitain, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) n'avait exigé aucun seuil minimal de contenu local. La multinationale québécoise a été coiffée par un consortium formé par Alstom et SNC-Lavalin pour la fourniture de matériel roulant.

Également, VIA Rail n'exige pas de seuil minimum de contenu local dans le cadre du renouvellement de son parc de locomotives et de wagons pour le corridor ferroviaire entre Québec et Windsor, en Ontario.

En ce qui a trait au contrat des voitures Azur, la majeure partie de la fabrication et la totalité de l'assemblage final de ces véhicules additionnels se feront à l'usine de La Pocatière. Tout comme dans la première phase du projet, Alstom fournira les bogies et les moteurs, ainsi que les systèmes de contrôle de train, de communication, d'information passagers et de vidéosurveillance.

Québec accordera plus de 300 millions, ce qui s'ajoute aux 215 millions injectés par Ottawa et aux 65 millions de la part de la Société de transport de Montréal. Le financement total est de 580 millions, une somme qui servira à couvrir d'autres aspects du contrat, comme l'achat de pièces.

Même s'il y aura des mises à pied, le nouveau président du syndicat des employés de Bombardier à La Pocatière, Claude Michaud, a accueilli favorablement la nouvelle.

« On en parlait avant les vacances d'été et on a attendu longtemps, a-t-il dit au cours d'un entretien téléphonique. Mais c'est un beau cadeau de Noël. Cela était attendu depuis longtemps. »

Depuis le printemps, Bombardier avait été en mesure de limiter les impacts sur sa main-d'oeuvre puisque l'usine de La Pocatière contribue à des contrats pour les villes d'Edmonton et Toronto. Ces travailleurs modernisent également 17 voitures de train appartenant à VIA Rail.