Cinquième l'an dernier, le Canada est maintenant le deuxième pays le plus attirant pour les constructeurs aéronautiques, derrière les États-Unis, selon une étude publiée cette semaine.

LE TOP 5

Position Pays (classement 2017)

1 - États-Unis (1)

2 - Canada (5)

3 - Singapour (11)

4 - Suisse (2)

5 - Royaume-Uni (3)

« Le Canada est particulièrement fort dans la production de simulateurs de vols civils, d'avions régionaux et d'affaires, de turbopropulseurs et de moteurs d'hélicoptères », résume le rapport Aerospace Manufacturing Attractiveness Rankings (« Classement d'attractivité pour la fabrication aérospatiale »), produit par la firme PricewaterhouseCoopers (PwC).

CAE, Bombardier et Pratt & Whitney Canada sont les principaux ou uniques fabricants canadiens des produits cités.

DES AMÉLIORATIONS PARTOUT

Le classement de PwC se base sur des données dans sept catégories. Le rang du Canada s'est amélioré dans chacune d'elles, parfois de manière marquée.

COÛTS

9e (24e)

MAIN-D'OEUVRE

3e (8e)

INFRASTRUCTURE

9e (13e)

INDUSTRIE LOCALE

3e (8e)

RISQUE GÉOPOLITIQUE

3e (13e)

ÉCONOMIE

23e (26e)

FISCALITÉ

16e (17e)

LES RAISONS

Selon Mario Longpré, associé, leader canadien, aérospatiale et défense chez PwC Canada, différents critères peuvent expliquer la remontée du Canada dans ce classement.

BOEING CONTRE BOMBARDIER

Le litige commercial acrimonieux qui a opposé Boeing à Bombardier s'est réglé à l'avantage de l'entreprise canadienne après la publication du rapport de l'an dernier. L'imposition de tarifs douaniers sur les appareils de la C Series, comme le souhaitait Boeing, aurait pu avoir des impacts importants sur l'industrie locale, notamment sur les fournisseurs de composants de cet appareil.

BREXIT

La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, dont les termes n'ont toujours pas été négociés, « crée beaucoup d'incertitude en Europe », relève M. Longpré. Des entreprises installées en Europe peuvent notamment se demander quelle sera la liberté de mouvement de leurs produits et de leurs employés après cette sortie.

« Ça a un impact important sur plusieurs pays avec lesquels on est en concurrence. »

TAUX DE CHANGE

Les fluctuations du dollar « nous aident dans certaines catégories », estime M. Longpré.

L'ARRIVÉE D'AIRBUS

L'acquisition par Airbus d'une part majoritaire du programme C Series, devenu depuis l'A220, a augmenté la présence locale de l'un des deux plus grands donneurs d'ordre du domaine, ce qui peut avoir un impact positif sur l'écosystème.

« On veut toujours avoir plus de grands acteurs », résume M. Longpré.

MEILLEURES MARGES

L'un des sous-critères considérés par l'étude dans la catégorie « Industrie locale » est la profitabilité. Or les marges de l'industrie se sont améliorées en 2017, après des années difficiles en 2015 et 2016, relève M. Longpré.

SYNDICATS

La « flexibilité syndicale » est l'un des critères évalués par PwC.

« Je pense qu'on a eu de belles démonstrations récemment où les relations ont été plus harmonieuses qu'ailleurs. Ça a donné un coup de main », croit M. Longpré.

SYNDICAT HEUREUX

« On doit voir ça comme une marque de reconnaissance envers les travailleuses et les travailleurs de l'aérospatiale. Ça montre aussi que même si nos contrats de travail offrent de bonnes conditions, des salaires et des avantages intéressants, nous sommes en mesure de demeurer compétitifs et d'attirer les grands donneurs d'ordre de ce secteur. » - Le vice-président canadien du Syndicat des machinistes, Stanley Pickthall

57 %

Proportion des travailleurs manufacturiers de l'aérospatiale canadienne oeuvrant au Québec, selon le Syndicat des machinistes.

SINGAPOUR ?

La présence et la progression de Singapour peuvent sembler étonnantes. Selon PwC, le petit État asiatique propose : 

Un gouvernement stable qui appuie fortement l'industrie

La plus forte croissance de l'industrie dans la région Asie-Pacifique, qui est un marché en forte croissance

La capacité à la fois de servir ce marché et d'attirer les talents de ses voisins

UNE MENACE À L'HORIZON

Contrairement à certaines attentes, l'entente commerciale survenue dimanche entre le Canada, les États-Unis et le Mexique n'a pas scellé le sort des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium imposés par Washington ou des contre-mesures canadiennes. Celles-ci ont un impact marqué dans la plupart des entreprises du secteur, ce qui pourrait peser sur la compétitivité du Canada.

« Je pense que tout le monde espérait que ça se règle avec l'ALENA », note M. Longpré.

Cela dit, leur impact se fait aussi sentir au sud de la frontière, rappelle-t-il. « C'est peut-être ce qui finira par mener à la suppression de ces tarifs, maintenant que l'échéancier de la renégociation de l'accord commercial est passé », croit-il.

« Je pense que la pression va venir de l'industrie. C'est ce qui va faire que ça va tomber. Beaucoup de gros acteurs sont établis aux États-Unis et ils vont faire pression sur leur gouvernement. »