Airbus estime que les engagements de clients à l'égard de l'A220 annoncés en juillet lui permettent d'avoir les coudées franches afin d'obtenir des concessions auprès des fournisseurs de ces avions issus de la C Series de Bombardier.

Aux commandes du programme depuis deux mois, le géant européen n'a jamais caché ses intentions de réduire de façon importante les coûts de production en plus d'améliorer l'exécution afin de réaliser des profits.

Selon divers reportages, Airbus aurait demandé des réductions à certains fournisseurs pouvant atteindre 20 pour cent.

Selon le directeur du programme de l'A220, Philippe Balducchi, les discussions sont en cours avec les fournisseurs, et ces derniers semblent reconnaître que la prise de contrôle de la C Series par l'avionneur européen a stabilisé le programme.

«Ils sont ouverts aux discussions, a expliqué le cadre d'Airbus, mardi, au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne. Parfois, elles peuvent être difficiles, mais nous voulons travailler avec eux.»

M. Balducchi était accompagné du chef de la direction d'Air Baltic, Martin Gauss, qui était de passage aux installations de Mirabel, dans les Laurentides, alors que le transporteur letton vient de recevoir son 11e appareil A220-300 - l'ancien CS300.

Au début du mois de juillet, Airbus avait annoncé une commande ferme de 60 appareils, avec 60 options, auprès du transporteur à rabais américain JetBlue. Peu de temps après, au Salon aéronautique de Farnborough, c'était au tour d'un groupe d'investisseurs mené par l'un des fondateurs de JetBlue et WestJet - David Neeleman - d'annoncer un engagement pour 60 appareils A220-300 afin de mettre sur pied une nouvelle compagnie aérienne aux États-Unis.

«Définitivement, cela aide (dans nos demandes) parce que l'on démontre que l'intérêt est réel, a dit M. Balducchi, qui n'a toutefois pas voulu s'avancer sur le moment où d'autres commandes seraient annoncées. Il faut en faire plus. Il faut en ajouter (des commandes) davantage.»

Dans le but d'obtenir des concessions au niveau des prix, l'avionneur européen fait miroiter une hausse des volumes découlant d'une accélération des ventes de l'A220, qui peut transporter de 100 à 150 personnes. Jusqu'à présent, 18 appareils A220 ont été remis à des clients depuis le début de l'année, ce qui devrait permettre à Airbus de doubler les livraisons effectuées l'an dernier.

En perspective

Si le contexte commercial ne l'empêche pas de dormir, M. Balducchi suit néanmoins de près des dossiers comme les tarifs sur l'aluminium et l'acier, l'escalade des sanctions entre la Chine et les États-Unis ainsi que la modernisation de l'Accord de libre-échange nord-américain.

«Tout cela peut potentiellement avoir un impact sur la chaîne d'approvisionnement de l'industrie aéronautique dans son ensemble et pas seulement pour Airbus», a-t-il dit, tout en minimisant, pour l'instant, les risques pour le programme A220.

M. Balducchi, qui dit avoir en «assez dans son assiette» à l'heure actuelle, a affirmé que ces questions commerciales n'étaient pas ses principales préoccupations.

Pour sa part, le chef de la direction d'Air Baltic a dit croire que les impacts négatifs pourraient être observés dans l'industrie advenant que les tensions commerciales se traduisent par une détérioration de l'économie à l'échelle mondiale.

«C'est à ce moment que les compagnies aériennes pourraient éprouver des difficultés, a dit M. Gauss. Mais pour l'instant, nous ne voyons pas de problème.»

Encore mieux

Client de lancement de l'ancien CS300, Air Baltic exploite l'appareil depuis décembre 2016 et a jusqu'à présent transporté plus de 1,5 million de passagers avec ses avions reçus au fil du temps, a indiqué M. Gauss.

À son avis, la performance de l'appareil a dépassé les attentes, particulièrement au chapitre des économies de carburant d'environ 20 pour cent qui étaient évoquées.

«Nous comparons cela avec les (Boeing) 737-300 de notre flotte et l'A220 offre des économies de carburant d'environ 22 pour cent qui peuvent atteindre 24 pour cent lorsque les trajets sont plus longs», a expliqué le patron d'Air Baltic.

Client depuis 2012, le transporteur letton avait initialement commandé 20 avions avant de passer une commande ferme pour 30 appareils de plus, assortie de 30 options, en mai dernier.