La destinée de la C Series de Bombardier passe entre les mains d'Airbus, qui a pris officiellement les commandes du programme de cet avion commercial dimanche.

Bien des étapes ont été franchies depuis l'annonce effectuée l'automne dernier par les deux avionneurs, alors que la C Series était au coeur d'une dispute commerciale avec le géant américain Boeing au sud de la frontière.

Voici quelques questions entourant les changements découlant du partenariat entre Airbus et Bombardier qui entre officiellement en vigueur ce 1er juillet.

Quelle est la structure ?

Sans verser un sou, Airbus détiendra 50,01 % de la société en commandite où sont regroupés les actifs de la C Series. La part de Bombardier sera approximativement de 33,76 %. Celle du gouvernement québécois - qui a injecté 1 milliard US en 2015 -passera à environ 16,24 %.

En échange, l'avionneur québécois devrait pouvoir profiter du savoir-faire de son partenaire en ce qui a trait aux ventes et l'entretien, par exemple.

Par ailleurs, même si l'alliance a été scellée plus rapidement que prévu, Bombardier devra néanmoins contribuer jusqu'à hauteur de 225 millions US au financement du programme cette année, en vertu des modalités de l'entente.

D'ici la fin de 2021, la contribution de la multinationale québécoise pourrait atteindre 925 millions US - ce qui devrait notamment servir à la construction d'une ligne d'assemblage américaine située aux installations d'Airbus à Mobile, en Alabama.

Qui fait quoi ?

Dès dimanche, c'est l'actuel chef de la gestion de la performance d'Airbus Avions commerciaux, Philippe Balducchi, qui devient le chef de la direction de la coentreprise.

Airbus et Bombardier compteront chacun six membres au sein de l'équipe de direction, mais la gestion, les ventes et le marketing, notamment, seront confiés à des employés du géant européen. Fred Cromer, l'actuel dirigeant de la division des avions commerciaux de Bombardier, continuera de diriger cette division, mais il ne sera plus responsable de la C Series.

L'entreprise établie à Toulouse sera désormais responsable de vendre l'appareil et pourra s'impliquer directement dans les démarches effectuées auprès de clients potentiels.

Avec l'arrivée d'Airbus, de nombreux analystes anticipent de nouvelles commandes puisque l'avionneur européen a les reins assez solides pour assurer la viabilité de la C Series, ce qui devrait rassurer les compagnies aériennes.

De nouvelles commandes pourraient être annoncées dès la mi-juillet, dans le cadre du Salon aéronautique de Farnborough, qui se déroulera au Royaume-Uni.

Dans un rapport publié ce mois-ci, Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, a évoqué Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Aerolineas Argentinas, JetBlue Airways, Sun Country Airlines et Spirit Airlines comme transporteurs potentiellement intéressés.

Quels seront les changements ?

M. Balducchi a déjà signalé qu'il compte aller voir rapidement les fournisseurs de la C Series, y compris Bombardier, dans le but de réduire les coûts de production de l'avion lorsque le partenariat sera finalisé. Afin d'obtenir des concessions au niveau des prix, Airbus compte faire miroiter une hausse des volumes découlant d'une accélération des ventes de la C Series.

De plus, l'avionneur européen pourrait bien faire disparaître le nom C Series pour le remplacer par la famille A200, ont déjà suggéré certains reportages. Les noms « A210 » et « A230 » pourraient ainsi remplacer les CS100 et CS300 - les deux versions de la C Series. Un changement d'appellation ferait en sorte que l'avion s'harmoniserait aux autres gammes d'Airbus, comme celle du A320.

Aux installations de Mirabel, dans les Laurentides, où se côtoient des travailleurs affectés à la C Series et au CRJ, des changements s'observent déjà depuis la fin du mois de mai.

Puisque Bombardier Aéronautique et la société en commandite poursuivent leurs activités de façon distincte, le contrôle a été resserré en ce qui a trait à l'accès aux zones des deux entités respectives. Quelque 2000 travailleurs affectés à la C Series seront sous l'égide de cette société en commandite contrôlée par Airbus.

Pour Bombardier ?

À compter du 1er juillet, la C Series ne figurera plus dans les résultats consolidés de Bombardier - ce qui signifie notamment que les revenus générés par les ventes d'appareils ne seront plus inclus dans ses états financiers.

L'avionneur a abaissé de 500 millions US sa prévision de revenus pour l'exercice, qui devrait osciller entre 16,5 milliards US et 17 milliards US. Son résultat opérationnel ajusté devrait toutefois s'établir entre 900 millions US à 1 milliard US.

Bombardier a déjà signalé qu'elle comptait mettre davantage d'énergie dans des programmes des avions commerciaux régionaux, comme ceux du Q400 et du CRJ.