Une entreprise canadienne de transport par tube sous vide menace de déménager son siège social en Europe si elle n'obtient pas de soutien politique pour la mise en oeuvre de sa technologie, qui permettrait de transporter dans un tube des marchandises et des passagers aussi vite qu'un avion.

Sébastien Gendron, chef de la direction et cofondateur de Transpod, estime que les politiciens doivent intensifier leurs efforts s'ils veulent vraiment soutenir l'innovation au Canada.

Le transport de capsules dans un tube à basse pression, à 1000 kilomètres/heure, réduirait selon lui le temps de transit entre Montréal et Toronto à moins d'une heure, et soulagerait la congestion routière et aéroportuaire. Une deuxième ligne pourrait relier Calgary et Edmonton en une demi-heure.

M. Gendron soutient que le système pourrait transporter des passagers au début des années 2030, après avoir été utilisé pour le transport de marchandises légères, comme le commerce électronique et les aliments périssables. Il explique que les corridors de transport appartiendraient au secteur privé - probablement des caisses de retraite canadiennes, des entreprises de construction et d'autres investisseurs -, alors que Transpod fournirait la technologie et les capsules.

L'entreprise affirme que certains de ces partenaires ont déjà manifesté de l'intérêt pour le projet, mais Transpod n'a obtenu aucun engagement ferme à ce jour.

Transpod, établi à Toronto, est en concurrence avec les milliardaires Elon Musk (Tesla) et Richard Branson (Virgin), qui cherchent eux aussi à construire leurs propres réseaux de transport par tubes sous vide. M. Gendron soutient toutefois que son entreprise offre une meilleure technologie et un coût par kilomètre plus avantageux que ses concurrents.

Transpod et ses investisseurs construisent actuellement un tronçon pilote de trois kilomètres en France, qui devrait être terminé en juin prochain. Un tube d'essai de 10 kilomètres le long de l'autoroute 7 en Alberta pourrait être prêt d'ici 2022, si le projet obtenait l'appui du gouvernement provincial. La construction de ce tronçon pilote débuterait en 2020, et pourrait ensuite former une section de l'éventuel couloir de transport par tube en Alberta.

Les sociétés «hyperloop» canadiennes et européennes développent aussi un partenariat international afin d'établir des normes en matière de méthodologie et de réglementation pour ce nouveau mode de transport. Ces entreprises veulent travailler avec les organismes nationaux de réglementation afin de pouvoir respecter rapidement les exigences gouvernementales en matière de certification.

Transports Canada affirme que le gouvernement surveille de près la commercialisation internationale de cette nouvelle technologie. Une porte-parole du ministère ajoute que le plan stratégique «Transports 2030» vise justement à moderniser le secteur des transports au Canada, en mettant à jour la réglementation, en investissant dans l'infrastructure et en faisant la promotion de nouvelles technologies de transport.