L'opposition officielle a tenté de savoir en vain vendredi quels seront les coûts totaux des mesures de mitigation durant la construction du REM, le Réseau express métropolitain de la Caisse de dépôt et placement.

Le gouvernement Couillard doit assumer le tiers de ces coûts, mais le Parti québécois n'a pas pu obtenir d'évaluation du ministre des Transports, André Fortin, au cours d'une interpellation en Chambre vendredi matin.

L'immense chantier du REM a été lancé à la fin d'avril à Montréal, par conséquent des perturbations et des interruptions de service sont à prévoir au cours des prochaines années, notamment sur la ligne actuelle de train de banlieue de Montréal-Deux-Montagnes, qui sera démantelée graduellement pour être remplacée par le train léger automatisé de la Caisse.

Des perturbations sont aussi prévues en Montérégie ainsi que sur la ligne du Train de l'Est.

Des mesures de mitigation comme du transport par autobus vers des stations de métro ont déjà été mises en place pour les passagers de la ligne Montréal-Deux-Montagnes, qui ne fonctionne déjà plus les fins de semaine.

L'opposition cherche à obtenir des estimations sur le coût de l'ensemble des mesures palliatives à prévoir durant le chantier du REM, puisque la Caisse en finance seulement le tiers, le gouvernement un autre tiers, tandis que le dernier tiers revient à l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) - elle-même financée en partie par des fonds publics, entre autres des municipalités.

Cependant, le député péquiste de Sanguinet, Alain Therrien, n'a pas été en mesure d'obtenir une réponse du ministre André Fortin.

« Combien ça va coûter au total la mitigation ? Il [le ministre] n'a aucune idée ! s'est insurgé le député. On va être obligé d'acheter des autobus. Aucune réponse possible, il n'a même pas prononcé le mot mitigation, même pas un tiers, zéro ! »

En entrevue avec La Presse canadienne, M. Therrien a déploré que le ministre n'est « même pas passé près de répondre » à aucune de ses questions.

Par exemple, l'opposition exige de savoir quand le gouvernement déboursera les 1,3 milliard de dollars de financement accordé au REM.

En effet, Québec doit emprunter cet argent au taux estimé de 3,7 %, il y a donc des coûts d'emprunt rattachés, mais à titre d'investisseur, il est censé récupérer sa mise. Or on ne sait pas à partir de quand l'État, une fois le REM en service, pourra réclamer son dû, à partir de quel achalandage, de quelle date.

« Je ne peux pas croire que le gouvernement n'en a aucune idée et qu'il n'a pas abordé cet enjeu avec la Caisse : quand vais-je commencer à ramasser mes billes », a poursuivi M. Therrien.

Le député péquiste a dit attendre le rapport de la vérificatrice générale en juin, qui scrutera l'entente avec le REM, pour déterminer si ce financement de 1,3 milliard est en fait un investissement ou une dépense. Si c'est une dépense, elle apparaîtra dans le périmètre comptable du gouvernement et pourrait rompre les équilibres financiers.

Le transport en commun n'est pas rentable au Québec, a-t-il rappelé, donc si ce 1,3 milliard est un investissement, l'État se trouvera dans la situation aberrante où il devra subventionner le REM pour être amené à dégager un rendement sur son investissement.

« L'investisseur va payer pour aboutir à un rendement sur son investissement, ça ne tient pas debout », a déclaré M. Therrien.

Rappelons que le REM est un projet de près de 7 milliards. C'est un réseau privé de transport, propriété de la Caisse de dépôt, qu'elle finance à hauteur de 3 milliards, tandis que Québec et Ottawa fournissent 1,3 milliard chacun, et Hydro-Québec plus de 300 millions.

La Caisse exige un rendement de 8 % par an sur son investissement, donc environ 240 millions. Elle recevra 0,72 $ pour chaque passager/km de l'ARTM. Québec s'est déjà engagé à fournir la plus grande partie de cette redevance, qui équivaut incidemment à 240 millions par an, le reste provenant des municipalités et des usagers.

Si on ajoute les 3 milliards investis par les pouvoirs publics aux 11 milliards versés en redevances sur 20 ans par le gouvernement, les municipalités et les usagers, pas moins de 14 milliards seront versés en fonds publics et en tarifs aux usagers au REM.

Le REM comprend une grande ligne allant de la couronne nord (Deux-Montagnes) à la Montérégie (Brossard) en passant par l'île de Montréal, ainsi que deux segments vers l'ouest de l'île, pour un total de 26 stations.