L'approche adoptée par Ottawa dans le processus afin de renouveler sa flotte d'avions de chasse alors que le différend commercial entre Bombardier et Boeing faisait rage semble avoir inspiré certains élus britanniques, qui suggèrent à leur gouvernement de faire de même.

Parmi les recommandations de son récent rapport sur la dispute entre les deux avionneurs, le Comité sur les affaires nord-irlandaises du Parlement britannique incite Downing Street à évaluer les impacts économiques des soumissionnaires dans les appels d'offres pour les grands contrats d'approvisionnement.

«Nous recommandons au gouvernement d'adopter l'approche du Canada et de tenir compte, lors des prochains appels d'offres, du comportement passé des entreprises», peut-on lire dans le document publié plus tôt ce mois-ci.

Le gouvernement Trudeau avait ajouté cette exigence en décembre dernier en lançant un appel d'offres en bonne et due forme pour remplacer les CF-18 vieillissants par 88 nouveaux avions de chasse.

Ottawa avait même renoncé à acquérir 18 chasseurs Super Hornet de Boeing afin d'appuyer temporairement l'armée de l'air en attendant l'appel d'offres et la livraison de ses nouveaux appareils, préférant acheter 18 avions F-18 d'occasion en Australie.

Au cours des derniers mois, le Comité sur les affaires nord-irlandaises du Parlement britannique, présidé par le député Andrew Murrison, s'était penché sur le conflit entre Bombardier et Boeing concernant la C Series aux États-Unis.

Étant donné que l'avionneur est l'un des plus importants employeurs en Irlande du Nord avec son site de Belfast, où certains des quelque 4200 travailleurs fabriquent les ailes de la C Series, la dispute commerciale avait d'importantes ramifications dans la région.

Dans la foulée de la décision rendue le mois dernier par la Commission américaine sur le commerce international (USITC), qui a rejeté la plainte de Boeing, le rapport suggère néanmoins d'adopter la ligne dure à l'endroit de l'avionneur.

«À moins que Boeing confirme qu'elle respectera la décision de la USITC, nous recommandons au gouvernement d'entreprendre un examen de tous ses contrats avec Boeing», est-il écrit, sans toutefois chiffrer les ententes en vigueur.

Même si les C Series exportés aux États-Unis depuis Mirabel ont été exonérés des droits compensatoires de 292,21 % réclamés par le département américain du Commerce, le géant américain peut encore porter la cause en appel, précise le rapport.

Dans un mémoire déposé auprès du comité l'automne dernier, le plus important syndicat britannique, Unite, avait estimé à environ 7,8 milliards la valeur actuelle des contrats entre le Royaume-Uni et Boeing.

Pendant le litige, Unite the Union avait notamment incité le gouvernement britannique à lancer un message clair à l'avionneur américain en affirmant que les contrats actuels et futurs pourraient être en péril.

Dans son rapport annuel publié la semaine dernière, Bombardier prévient qu'il est possible que Boeing décide de porter sa défaite en appel. Cette possibilité ne semble toutefois pas inquiéter l'avionneur québécois.

Entre-temps, en vertu de la décision de la USITC, Bombardier commencera à livrer dès cette année depuis Mirabel les premiers des 75 CS100 commandés par Delta Air Lines en 2016.

Le plus important client de la C Series a confirmé qu'il accepterait de recevoir ces appareils jusqu'à ce que soit complétée la chaîne d'assemblage américaine prévue par l'avionneur québécois à Mobile, en Alabama, dans le cadre de son partenariat avec Airbus.

Au cours des audiences devant USITC en décembre, Delta avait manifesté son intention d'attendre la ligne d'assemblage en Alabama avant de commencer à prendre possession de ses C Series. Le transporteur aérien a changé son fusil d'épaule à la suite du rejet de la plainte de Boeing.