Le budget déposé en mars par le ministre des Finances, Carlos Leitao, comportera des investissements substantiels destinés à améliorer l'offre de transport aérien régional et à en réduire les coûts.

C'est ce qu'a promis vendredi le  premier ministre Philippe Couillard, au terme du Sommet sur le transport aérien régional, qui se tenait au Centre des congrès de Lévis. Il n'a cependant pas chiffré ses promesses.

Il serait donc hasardeux d'évaluer l'impact des mesures annoncées vendredi, mais le premier ministre soutient que les voyageurs verront la différence sur le prix des billets.

Surtout, Québec reconnaît d'emblée que tout ne tourne pas rond dans le secteur du transport aérien effectué d'une région à l'autre et que ça ne peut plus durer.

Le gouvernement s'engage donc à intervenir de diverses manières et à agir à court terme.

En régions, la principale source de mécontentement a trait au prix élevé des billets d'avion pour se rendre d'une ville à l'autre. Pour inverser la tendance, Québec s'engage à bonifier le programme existant de remboursement d'une portion des tarifs aériens, un programme qui sera étendu à d'autres régions: Abitibi-Témiscamingue, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, Saguenay-Lac-Saint-Jean et Côte-Nord.

Ce programme sera «plus généreux, plus étendu, plus flexible», a dit le premier ministre, en conférence de presse.

Le gouvernement entend de plus mener une «réflexion» sur les grilles tarifaires, dans le but de permettre aux Québécois de voyager au Québec par avion «à faible coût». Il promet de présenter «rapidement» des mesures concrètes pour transformer ce souhait en réalité.

Certains participants au sommet avaient noté que les billets d'avion coûtaient 55% plus cher au Québec qu'en Ontario.

Par ailleurs, M. Couillard est revenu à la charge pour réclamer d'Ottawa que le nécessaire soit fait pour allonger la piste d'atterrissage de l'aéroport des Îles-de-la-Madeleine. Question d'équité, a-t-il fait valoir.

Un nouveau programme visera par ailleurs à améliorer les infrastructures aéroportuaires régionales.

Le gouvernement dit vouloir favoriser la concurrence entre transporteurs, en finançant éventuellement un fonds de démarrage pour offrir de nouveaux services aériens.

«On aime mieux, en général, comme gouvernement, laisser les forces du marché agir et la compétition s'établir, mais ça ne marche pas. Il y a quelque chose de vicié. Les forces du marché ne fonctionnent pas de façon équitable», selon le premier ministre.

Il n'est cependant pas question d'attaquer de front Air Canada, qui contrôle actuellement l'essentiel de ce marché.

Labeaume critique Air Canada

Plus tôt, le maire de Québec, Régis Labeaume, s'était livré à une sortie en règle contre Air Canada, un mauvais citoyen corporatif selon lui.

Air Canada abuse du système en exploitant les consommateurs avec des prix exorbitants pour ses vols régionaux, selon le maire Labeaume.

Il dénonce le monopole exercé par Air Canada sur le transport aérien régional à travers le Québec, un monopole qui doit être brisé afin de réduire substantiellement les prix réclamés pour les billets d'avion, a-t-il commenté en point de presse, vendredi matin, en marge du sommet organisé par le gouvernement du Québec.

Au Centre des congrès de Lévis, les pratiques d'Air Canada en matière de transport régional et de fixation des prix ont suscité beaucoup de mécontentement.

Le président de l'Union des municipalités (UMQ), Alexandre Cusson, a renchéri pour affirmer lui aussi qu'il fallait permettre la concurrence entre les transporteurs aériens pour mieux desservir le territoire québécois, la situation actuelle étant dommageable au développement économique régional.

Un billet Montréal-Gaspé avec Air Canada coûte actuellement 837 $, tandis qu'un billet Montréal-Paris coûtera 839 $, a fait valoir M. Cusson en point de presse, pour indiquer à quel point la situation était intenable.

Le contexte québécois est particulier à ce chapitre, selon lui. Au Québec, les deux tiers des vols sont contrôlés par une seule compagnie, alors qu'ailleurs c'est seulement le tiers, assurant une meilleure concurrence et des prix plus compétitifs.

M. Cusson suggère au gouvernement d'envisager l'adoption d'une loi imposant un prix plancher et un prix plafond, pour améliorer les choses.

«C'est une des solutions qui doit être étudiée» pour aider les petits transporteurs à avoir leur part du gâteau, selon M. Cusson, qui se dit très préoccupé par la situation.

Le problème du transport aérien est devenu «un enjeu majeur» du monde municipal, a-t-il fait valoir, en militant lui aussi pour la libre concurrence dans le ciel québécois.

Air Canada n'a pas réussi à apaiser la grogne ambiante, malgré l'annonce vendredi matin d'une baisse de prix, consentie après négociation avec la Fédération québécoise des municipalités (FQM).

Le transporteur offre notamment à ses clients d'acheter des forfaits prépayés de 10 billets d'avion, aller simple, pour un total de 3240 $, toutes destinations confondues sur le territoire québécois.

Aucun porte-parole d'Air Canada n'était sur place à Lévis pour commenter ces changements dans la grille tarifaire rendus publics grâce à un communiqué de la FQM.

Les «gens» qui dirigent Air Canada «sont des gens qui abusent totalement du système, qui exploitent le système tant qu'ils peuvent», a tonné le maire Labeaume.

«Il faut casser le monopole d'Air Canada», selon le maire Labeaume, qui se dit convaincu que le transporteur aérien canadien affiche «le côté le plus laid du capitalisme».

Le Sommet sur le transport aérien régional visait à dégager des solutions pour faciliter les déplacements par la voie des airs à traves le Québec à un prix plus avantageux. Quelques centaines de personnes y participaient.