Bombardier Transport suit «avec attention» le retour sur les rails du projet de tramway à Québec, tout comme les travailleurs de son usine de La Pocatière, qui espèrent que les prochaines élections provinciales ne feront pas dérailler le projet.

«Globalement, Bombardier est le premier fournisseur de systèmes intégrés de transport. On est aussi un des principaux fournisseurs de tramways dans le monde, explique Marc-André Lefebvre, porte-parole de Bombardier Transport. Donc, on regarde avec attention ce que des villes comme Québec peuvent avoir comme besoins.»

L'idée d'implanter un réseau de tramways à Québec n'est pas nouvelle. En 2012, Bombardier et ses concurrents avaient même rencontré les autorités de la ville pour discuter des manières de la mettre en oeuvre. Mais le refus des gouvernements de financer le tramway avait signé son arrêt de mort. On parlait alors d'un projet entre 1,5 et 2 milliards de dollars.

Cette fois-ci, le maire Régis Labeaume a toutes les cartes en main : le gouvernement Couillard a donné le feu vert, et Justin Trudeau lui a assuré cette semaine «des centaines de millions».

Bombardier ne serait, bien entendu, pas le seul acteur dans la course. Un concurrent, l'allemand Siemens, est d'ailleurs inscrit au registre des lobbyistes afin de mousser les projets de tramway auprès de Montréal, Laval et Québec notamment.

Mais Bombardier estime être «extrêmement bien positionnée» dans la filière du tramway. Sa gamme, appelée Flexity, se déploie dans des villes au climat similaire à celui de Québec, comme Edmonton ou Toronto.

«Ce sont des voitures qu'on a livrées en Autriche, en Pologne, en Suisse, en Suède... On est en train d'en livrer à Toronto, et ça fonctionne extrêmement bien dans ces conditions hivernales», affirme M. Lefebvre.

«Même dans les froids polaires qu'on a connus cette année, on a vu une performance exceptionnelle de ces véhicules-là à Toronto».

Un enjeu électoral?

Avec son usine de La Pocatière, Bombardier serait aussi en mesure de répondre à d'éventuelles exigences de contenu local. L'usine, située à 140 kilomètres de Québec, roule pour l'instant à pleine capacité. Les ouvriers sont notamment occupés à fabriquer des voitures de métro Azur pour Montréal et de tramway pour Toronto.

«Mais on marche à contrats, et il y a des hauts et des bas», note Mario Guignard, président du syndicat des employés de Bombardier de La Pocatière.

L'usine est un moteur économique pour la région. En comptant les embauches des six derniers mois, elle compte plus de 600 travailleurs.

Le président du syndicat ne serait d'ailleurs pas surpris que le tramway de Québec fasse parler de lui jusqu'à La Pocatière aux prochaines élections provinciales. C'est que la Coalition avenir Québec (CAQ) s'est montrée très critique du projet. L'opposition de la CAQ au tramway - «no way, tramway», aimait dire Gérard Deltell - a d'ailleurs beaucoup participé à la mort du projet de 2012.

«Dans la région de La Pocatière, ça va être un enjeu», prévient le président du syndicat. «On a 400 cols bleus, 225 cols blancs. Ajoute leurs familles, leur entourage. On peux-tu en parler de votes, mon ami?»

Régis Labeaume ne dit pas pour l'instant quand il présentera son projet à la population et aux bailleurs de fonds, les gouvernements provincial et fédéral. Avant l'été? Avant les élections provinciales de l'automne? Le maire maintient le mystère.

Pour Bombardier, il ne fait toutefois aucun doute que le tramway représente une solution gagnante pour Québec, qui est d'ailleurs la seule ville canadienne de 500 000 habitants ou plus sans projet de système de transport en commun structurant.

«Il faut voir l'effet transformatif que des systèmes de transport comme ceux-là ont sur une ville. Edmonton, par exemple, est en train de déployer un grand système de tramway. Bombardier fait partie de cette transformation-là, indique Marc-André Lefebvre. On voit les quartiers par où ça va passer, et notre expérience autour du monde nous donne une idée de comment ces quartiers vont se transformer en 10 ou 15 ans.»