Faute de contrats de la part du gouvernement Trudeau, le couperet tombe de nouveau au chantier naval Davie, où 281 nouvelles mises à pied ont été effectuées, ce qui porte à environ 400 le nombre de travailleurs qui se retrouvent sans gagne-pain.

Sans «signal clair» de la part d'Ottawa, environ 400 autres employés de l'entreprise de Lévis pourraient se retrouver au chômage, alors que la construction d'un premier navire de ravitaillement, baptisé Astérix, est achevée.

«Nous tentons de retarder le processus le plus possible, mais tout doit se faire d'ici Noël», a confirmé jeudi le porte-parole de l'entreprise établie à Lévis, Frédérik Boisvert, au cours d'un entretien téléphonique.

La construction d'un premier navire de ravitaillement, baptisé Astérix, est achevée et la livraison à la marine canadienne est imminente.

Même si le chantier naval a été capable de livrer ce navire dans les délais et en respectant le budget qui avait été fixé, ce sont ses concurrents à Halifax et Vancouver qui ont obtenu les autres gros contrats fédéraux. Il s'agit des chantiers maritimes Irving et Seaspan.

Le chantier Irving a deux contrats pour construire six navires de patrouille et 15 navires de combat, ce qui garantit du travail à ses 1800 employés jusqu'en 2040. Le chantier Seaspan doit construire six navires pour la Garde côtière et la Marine royale canadienne.

Davie - qui compte quelque 1200 employés - misait sur la construction de l'Obélix, un deuxième navire de ravitaillement, mais Ottawa a fermé la porte il y a un peu plus d'une semaine.

Les fonctionnaires de la Défense nationale ont réitéré en comité sénatorial au cours des dernières semaines que le chantier pourrait soumissionner pour d'autres contrats à venir sans toutefois donner plus de détails. Le comité est resté sur sa faim et entend continuer de poser des questions sur l'avenir du chantier Davie.

M. Boisvert a expliqué que les travailleurs mis à pied pourraient être rappelés rapidement dès que le gouvernement Trudeau enverra un «signal clair» ou une lettre d'intention pour un deuxième navire de ravitaillement.

«Le travail pourrait commencer immédiatement puisqu'il y a plusieurs parties qui peuvent se faire au chantier en l'absence du navire, a-t-il dit. En l'espace d'un mois, tout le monde serait de retour.»

Autrement, la situation actuelle pourrait avoir des répercussions chez des fournisseurs de Davie et menacer environ 350 autres emplois, croit M. Boisvert.

Déçu de l'attitude du gouvernement Trudeau jusqu'à présent, le président par intérim de la Fédération de l'industrie manufacturière (CSN), Louis Bégin, espère que celui-ci finira par plier en raison de la pression populaire.

Ayant rencontré les ministres des Transports et de la Défense, Marc Garneau et Harjit Sajjan, cette semaine, M. Bégin se désole que ces derniers n'aient pas pris d'engagement ferme.

«Ils ne veulent pas prendre de décisions précipitées, mais l'inaction va finir par leur coûter beaucoup plus cher», a-t-il prévenu.

Entre-temps, un comité du Sénat a critiqué vertement le ministère de la Défense nationale pour ses explications imprécises sur l'avenir du chantier naval Davie.

Dans un récent rapport, le comité sénatorial des finances se dit peu rassuré par les réponses floues que lui ont données les hauts fonctionnaires de ce ministère lors de l'étude des budgets supplémentaires des dépenses.

Les sénateurs voulaient connaître les raisons qui avaient poussé le gouvernement à écarter la commande d'un deuxième navire de ravitaillement au chantier Davie.

«J'ai posé clairement la question aux fonctionnaires qui étaient devant nous: est-ce que vous pensez que le chantier Davie est un chantier qui est capable de remplir les commandes et on nous a dit que oui», a raconté le sénateur indépendant André Pratte en entrevue.

«Alors, comment ça se fait qu'ils n'ont pas de commandes majeures et on n'est pas capables d'avoir de réponses à cette question-là.»

M. Pratte invite le gouvernement à donner une perspective d'avenir claire à Davie et à ses employés.