Son siège social est à Montréal, ses revenus annuels surpassent 12 milliards de dollars, elle gère son propre réseau de fibre optique d'un bout à l'autre du pays et même des États-Unis, elle emploie à Montréal environ 1700 spécialistes des technologies de l'information, dont environ 300 embauchés depuis le début de 2016, et veut en ajouter plus de 200 autres dès l'année prochaine.

« Quand les jeunes pensent au CN, ils voient une compagnie de 100 ans, qui fonctionne d'une certaine façon », admet Elisa Plevano, première directrice aux engagements d'affaires.

« On veut que quand ils pensent à nous, ils pensent à la technologie et à une compagnie qui ne veut pas de statu quo. Quand on a la chance de leur parler et qu'ils voient l'amplitude des technologies que nous utilisons, ils n'en reviennent pas. »

« Si vous pensez qu'il n'y a que les jeux vidéo, Google ou Uber qui peuvent vous donner des défis, vous vous trompez », ajoute le premier vice-président et chef des services informatiques et de la technologie, Serge Leduc.

« Tout ce qui se fait en technologies, le CN y touche de près ou de loin, le plus souvent de très près. »

Le CN fait donc lui aussi partie d'une liste de plus en plus longue d'entreprises enracinées à l'extérieur de l'univers technologique qui doivent rivaliser avec des grands noms de la technologie pour attirer du personnel qualifié, sans pour autant bénéficier de programmes de subvention propres à ces dernières, notamment dans le jeu vidéo ou les affaires électroniques.

Cette absence d'aide gouvernementale n'a toutefois pas ralenti l'embauche, assure M. Leduc.

AU COEUR DES OPÉRATIONS

Les deux tiers des embauches récentes et prévues par le CN concernent des technologies « opérationnelles », qui servent à l'exploitation de son réseau plutôt qu'à l'administration de l'entreprise elle-même.

L'entreprise doit par exemple se conformer à la législation américaine qui exige qu'un train puisse être contrôlé à distance en tout temps, en cas de pépin. Elle cherche aussi à surveiller au maximum l'état de son réseau en temps réel.

Cela peut par exemple signifier l'analyse automatisée d'images provenant de satellites pour détecter des barrages de castors ou encore d'images captées par des wagons équipés de caméras spéciales pour analyser la solidité du sous-sol sous les voies ferrées.

Le CN vient d'ailleurs de commencer à s'intéresser à la conception de ses propres équipements de détection, affirme M. Leduc.

« On va chercher des gens qui viennent de la haute pointe technologique, chez GE ou Intel par exemple, pour compléter notre expertise. »

Lui-même recruté plus tôt cette année, le premier directeur à la livraison logicielle Nicolas Mabboux affirme avoir été étonné de la volonté d'innover du géant du chemin de fer.

« Des entreprises avec 12 milliards de revenus qui sont prêtes à bâtir une nouvelle équipe pour un projet TI à partir de zéro, à Montréal, il n'y en a pas beaucoup. Innover dans un contexte de start-up, c'est intéressant, mais le faire dans un contexte où il y a des opérations à maintenir, c'est un défi très stimulant intellectuellement. »