Le partenariat entre Airbus et Bombardier ne génère pas encore de nouvelles discussions avec d'éventuels clients de la C Series, mais il permet néanmoins à l'avionneur québécois de faire progresser plusieurs dossiers en cours.

L'entreprise a potentiellement décroché une deuxième importante commande en moins de deux semaines alors qu'Egyptair - le plus important transporteur aérien de l'Afrique - pourrait se procurer jusqu'à 24 C Series.

Annoncée mardi au Salon de l'aéronautique de Dubaï, cette lettre d'intention prévoit l'achat de 12 CS300 - la version plus grande de la famille d'avions - ainsi que des options pour 12 autres appareils.

«La confiance de certains clients a augmenté tout comme la vigueur de certaines discussions», a expliqué le vice-président principal aux ventes chez Bombardier Avions commerciaux, Colin Bole, en conférence téléphonique depuis Dubaï.

D'après les prix affichés, la portion ferme du contrat est évaluée à environ 1,1 milliard de dollars US. Ce montant pourrait doubler advenant que le transporteur africain décide d'exercer toutes les options. Toutefois, les compagnies aériennes bénéficient généralement d'importants rabais.

Selon M. Bole, l'arrivée d'Egyptair - déjà très présente au Moyen-Orient - comme client de la C Series permettra à la famille d'avions de consolider sa présence dans cette région du globe.

«Il serait difficile de miser sur un meilleur transporteur pour établir notre présence dans cette région, a-t-il expliqué. C'est une décision qui sera extrêmement suivie par les autres compagnies de la région.»

La famille d'avions C Series compte déjà Iraqi Airways, Saudi Gulf et Gulf Air parmi ses clients.

Le transporteur national d'Égypte envisageait déjà d'acheter des C Series depuis un certain temps, a expliqué le président de Bombardier Avions commerciaux, Fred Cromer, ajoutant que l'implication d'Airbus avait consolidé la confiance de l'entreprise à l'égard du programme.

Pour le président et chef de la direction d'Egyptair, Safwat Musallam, ces nouveaux avions permettront à l'entreprise établie au Caire de moderniser sa flotte d'appareils.

«Nous avons sélectionné la C Series en raison de son excellente autonomie, parfaitement adaptée pour desservir aux niveaux national et régional les villes arabes voisines, le Moyen-Orient et plusieurs destinations européennes», a-t-il fait valoir, par voie de communiqué.

L'analyste Richard Aboulafia, de la firme américaine Teal Group, a estimé qu'il était de bon augure qu'une compagnie comme Egyptair s'affiche publiquement comme client éventuel de la C Series même s'il ne s'agissait que d'une lettre d'intention.

«Auparavant, plusieurs compagnies craignaient d'acheter un avion-orphelin dont la production pourrait cesser (ses activités), a-t-il expliqué au cours d'un entretien téléphonique. Ces craintes risquent de disparaître en raison de l'implication d'Airbus.»

Les lettres d'intention signées par Egyptair ainsi que par un client européen non identifié pour une commande ferme de 31 appareils le 2 novembre dernier devraient être finalisées d'ici la fin de l'année. Cela devrait permettre à Bombardier de compter plus de 400 commandes fermes pour la C Series.

Plainte de Boeing

Entre-temps, M. Bole a indiqué que l'avionneur continuait à se défendre dans le cadre de sa dispute commerciale avec Boeing aux États-Unis.

Selon lui, le géant américain ne sera pas en mesure de prouver que la C Series lui a porté préjudice étant donné que l'entreprise ne propose pas un avion de la taille du CS100 et qu'elle n'a pas été invitée à solliciter la commande de Delta Air Lines.

C'est ce contrat annoncé en avril 2016, pouvant atteindre 125 appareils, qui a incité Boeing à déposer sa plainte auprès des autorités américaines.

M. Cromer a rappelé que Bombardier tablait sur des plans de contingence dans l'éventualité où des tarifs punitifs élevés continueraient d'être appliqués sur les C Series assemblés au Canada avant d'être exportés au sud de la frontière.

«Ayant annoncé notre (nouvelle) ligne d'assemblage en Alabama, nous travaillons avec Delta pour ultimement livrer nos avions depuis Mobile à nos clients aux États-Unis», a-t-il expliqué.

Le président de Bombardier Avions commerciaux n'a pas voulu s'avancer sur l'incidence des tarifs douaniers sur cette deuxième ligne d'assemblage, dont la construction est estimée à plus de 300 millions $ US par Bombardier.

En milieu de séance, à la Bourse de Toronto, le titre de l'avionneur prenait six cents, ou 2,12 pour cent, pour se négocier à 3,12 $.

Photo Alain Roberge, Archives La Presse

La transaction, qui avait été ébruitée il y a trois semaines par un quotidien égyptien, contiendrait 12 commandes fermes pour des appareils CS 300, le plus gros des deux modèles de la gamme, et une option pour 12 supplémentaires.