Quelques mois après avoir évité de quelques mètres ce qui aurait pu devenir l'une des plus importantes tragédies aériennes de l'histoire, un deuxième vol d'Air Canada a causé un incident important au même aéroport, à San Francisco, dimanche dernier, déclenchant une deuxième enquête des autorités américaines.

Le vol 781 d'Air Canada, qui s'était élancé de Montréal, a semblé connaître des difficultés avec son équipement radio lors de l'approche. Il a ainsi ignoré des demandes répétées de la tour de contrôle d'effectuer une remise des gaz (go around) et d'annuler son atterrissage. L'avion a néanmoins pu se poser sans dommage.

Selon la Federal Aviation Administration (FAA), les contrôleurs de l'aéroport de San Francisco cherchaient à retarder l'atterrissage de l'avion d'Air Canada parce qu'ils n'étaient pas certains que l'avion qui l'avait précédé sur la piste 28R l'aurait complètement dégagée.

« Après avoir reçu l'autorisation d'atterrissage, le pilote s'est exécuté et a procédé à un atterrissage normal », a expliqué par courriel la porte-parole d'Air Canada, Isabelle Arthur.

« Toutefois, après l'atterrissage, l'équipage de l'appareil a appris que la tour de contrôle avait tenté en vain de communiquer avec lui. Puisque les circonstances de l'incident sont sous enquête, nous ne sommes pas en mesure de faire de commentaires. » - Isabelle Arthur, porte-parole d'Air Canada

Toujours selon la FAA, la tour de contrôle aurait aussi tenté d'entrer en communication avec l'équipage par l'entremise d'un signal lumineux, comme le veut la procédure en cas de panne radio. Ces commandes ont aussi été ignorées.

Au début du mois de juillet, un vol d'Air Canada en provenance de Toronto avait créé une commotion à San Francisco en tentant d'atterrir sur la voie de circulation parallèle à la même piste 28R, plutôt que sur la piste elle-même. Quatre avions et leurs centaines de passagers attendaient leur tour sur cette voie de circulation. Des appels des pilotes de ces avions et de la tour de contrôle avaient finalement incité l'avion d'Air Canada à remettre les gaz alors qu'il n'était plus qu'à une vingtaine de mètres d'altitude.

Selon Air Canada, il ne s'agissait pas du même pilote.

CINQ FOIS PLUTÔT QU'UNE

L'enregistrement des conversations avec la tour de contrôle de San Francisco permet de mieux comprendre l'incident. Après avoir donné l'autorisation au vol 781 d'Air Canada d'atterrir, il s'écoule environ 1 minute 45 secondes avant que la tour ne détecte un certain engorgement sur les voies de circulation. Elle ordonne alors au vol AC781 (à 2 min 5 s) de remettre les gaz. Elle répète la commande cinq autres fois en l'espace de 40 secondes, sans jamais obtenir de réponse. Elle demande alors (2 min 50 s) à un appareil de United de libérer la piste « sans délai ». Elle tente ensuite à trois autres occasions d'obtenir une réponse des pilotes d'Air Canada. Celle-ci finit par venir à 3 min 57 s et explique qu'il y a eu un problème de radio. « C'est plutôt évident », répond le contrôleur, avant de diriger l'avion vers la voie de circulation.