La perte du contrôle québécois de la C Series aux mains d'Airbus ne constitue pas un deuil pour la famille fondatrice de Bombardier, selon son président du conseil d'administration, Pierre Beaudoin.

« Au contraire ! Je viens de trouver un partenaire qui nous permettra de réaliser le succès total du C Series », a-t-il lancé, vendredi à Mirabel, au cours d'un bref entretien avec La Presse canadienne.

Airbus détiendra 50,01 % de la société en commandite C Series. La part de Bombardier fléchira à 31 %, alors que celle de l'État québécois - qui a injecté 1 milliard US en 2015 - recule à 19 %.

Quelques minutes auparavant, le petit-fils de Joseph-Armand Bombardier se trouvait en compagnie des dirigeants des deux avionneurs et du premier ministre Philippe Couillard afin de s'adresser à quelque 1000 employés de Mirabel réunis dans un hangar afin de vanter les mérites du partenariat annoncé lundi.

Ancien président et chef de la direction de Bombardier, c'est M. Beaudoin qui a été aux commandes du développement de cette famille d'avions pouvant transporter de 100 à 150 personnes.

En raison des retards et des dépassements de coûts, la C Series a nécessité jusqu'ici des investissements d'au moins 5,4 milliards US.

« Ce qui me rend heureux aujourd'hui, c'est que l'on regarde un marché beaucoup plus grand et nous sommes en bonne posture pour doubler la valeur du programme », a-t-il dit.

Victoire de Bombardier

Dans son discours aux travailleurs, M. Couillard a affirmé que l'alliance avec Airbus permettait à Bombardier de « gagner » contre Boeing et sa plainte déposée au département américain du Commerce.

Cette démarche du géant de Chicago a incité Washington à décréter des tarifs préliminaires d'environ 300 % sur les appareils C Series envoyés au sud de la frontière.

« Bombardier a gagné la bataille contre Boeing qui essayait de tuer Bombardier et la C Series, a dit le premier ministre en mêlée de presse. Ce domaine [l'aéronautique] vient d'être profondément modifié par la transaction qui vient d'être annoncée. »

M. Couillard a toutefois dit que la situation actuelle ne devait pas inciter Ottawa à aller de l'avant avec l'achat des 18 avions de combat Super Hornet de Boeing pour remplacer sa flotte de CF-18 vieillissant.

Depuis la première décision du département du Commerce, à la fin septembre, le premier ministre affirme que « pas un boulon, pas une pièce, pas un avion [de chasse Super Hornet] » de Boeing ne doit être acheté par le Canada.

« Tant que nous n'aurons pas réglé la question des (mesures punitives), nous ne changerons pas notre attitude à l'égard des avions de chasse de Boeing », a-t-il lancé vendredi.

Néanmoins, le gouvernement Trudeau devra peut-être se prononcer d'ici la fin de l'année sur l'achat d'avions de chasse Super Hornet, alors que le différend commercial entre Boeing et Bombardier ne sera vraisemblablement pas encore réglé.